BBC Proms : le choc des contrastes 

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Rituel de l’été londonien, les BBC Proms offrent comme toujours une affiche des plus riches avec une grande variété des styles, de la musique de films aux grands répertoires symphoniques sans oublier le baroque, par des artistes britanniques et internationaux réputés ou en devenir(s). Voilà l’acte 1 d’un panorama de quelques concerts entendus l’espace d’un week-end. 

Fort peu connu en dehors du monde anglo-saxon, le chef d’orchestre John Wilson et son John Wilson Orchestra sont des stars au Royaume-Uni. Baguette virtuose mais surtout spécialiste des répertoires des musiques de films et des comédies musicales, le maestro et ses musiciens sont des habitués des BBC Proms où ils se produisent chaque année depuis 2009 ! Pour célébrer ses 10 ans sur la scène du Royal Albert Hall, les artistes offrent une soirée placée sous le thème des grandes musiques des frères Warner de l’âge d’or d’Hollywood. Tout au long de la soirée, le programme fait visiter les grands tubes et les découvertes de compositeurs parfois connus comme Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner, Dimitri Tiomkin, Meredith Wilson, ou moins connus comme Jule Styne, Sammy Fain ou encore Bronislaw Kaper. Toutes ces musiques sont magnifiquement écrites et sont sublimées par les musiciens, renforcés des Maida Vale Singers et d’un quatuor de chanteurs : Mikaela Bennett, Louise Daerman, Kate Lindsey et Matt Ford. Parfait styliste, John Wilson est un maître de cérémonie des plus parfaits. Le public lui fait un véritable triomphe ! 

Herbert Blomstedt sert parfaitement Stenhammar

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Wilhelm Stenhammar (1871-1927) : Symphonie N° 2 en sol mineur, Op. 34 (1911-15) ; Sérénade en fa majeur, Op. 31 (version révisée de 1919). Orchestre symphonique de Göteborg/ Herbert Blomstedt (direction). 2018-DDD-83’23 -Textes de présentation en anglais, suédois, allemand et français- Bis BIS-2424 

Gio le taxi. Don Giovanni en conclusion des Chorégies 2019.

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Le grand Patrice Chéreau disait de Wagner lorsqu’il mettait en scène son Ring du centenaire à Bayreuth en 1976 qu’il le « poussait à faire toujours plus de théâtre ».  Nous repensons souvent à ces mots quand nous découvrons la nouvelle lecture d’un opéra mais cette maxime prend tout son sens avec le Don Giovanni proposé ce mardi soir aux Chorégies d’Orange.

Œuvre intimiste à son origine, elle devient par la force des lieux un grand spectacle… à caractère sociétal. Car derrière les frasques du « scélérat charmant », c’est bien une lutte entre ancien et nouveau monde, entre ordre et désordre qui s’opère. C’est en tout cas ce que nous pensons être le postulat de départ de la mise en scène de Davide Livermore épaulé par Rudy Sabounghi (costumes), Antonio Castro (lumières) et D-Wok (vidéos). Replacer Mozart et Don Juan dans leur contexte historique et idéologique, celui de cette Europe des lumières à la veille de l’implosion, tout en montrant que ces aspirations sont toujours bien actuelles. Il suffit de suivre les évènements récents pour s’en convaincre. Alors Don Giovanni gilet jaune dans l’âme ? Nous n’irons pas jusque-là mais ange destructeur d’un modèle de société dépassé c’est une certitude !

La flûte d’André Jolivet et de Frank Martin

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André JOLIVET (1905-1974) : Concerto pour flute et orchestre à cordesSuite en concert pour flûte et percussions (Concerto pour flûte n° 2) / Frank MARTIN  (1890-1974) : Ballade pour flûte, orchestre à cordes et piano–Sonata da chiesa pour flute solo et orchestre à cordes. José-Daniel CASTELLON (flûte), Jean-Jacques BALET (piano), Orchestre de chambre de Lausanne, dir. : Nicolas CHALVIN, Les Percussions Claviers de Lyon. DDD–2019–55’ 29’’–Textes de présentation en français et en anglais–Claves 50-1818

Sampling: La Cour de Justice de l’Union Européenne précise (ou non ?) les limites du droit d’intégrer dans des œuvres musicales des échantillons sonores issus de phonogrammes 

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La Cour de Justice de l’Union européenne a rendu, ce 29 juillet 2019, un arrêt très attendu dans le monde musical. Le fait que cette décision ait été prononcée par la grande chambre de la Cour en souligne d’ailleurs l’importance.

Les faits

Dans cette affaire, deux artistes, Moses Pelham et Martin Haas, avaient enregistré, en 1997, une œuvre musicale intitulée “Nur mir”. À cet effet, ils avaient utilisé sans autorisation un échantillon (sample) d’une séquence rythmique de deux secondes environ prélevée sur un phonogramme du groupe musical Kraftwerk, publié en 1977. La séquence en question était issue du titre “Metall auf Metall” figurant sur ce phonogramme. Deux membres du groupe Kraftwerk, Ralf Hütter et Florian Schneider-Esleben, ont saisi les tribunaux, estimant que l’utilisation de cet échantillon violait les droits de propriété intellectuelle dont ils sont titulaires en leur qualité de producteur du phonogramme ou, à tout le moins, en tant qu’artistes interprètes ou exécutants. Ralf Hütter invoquait également une violation de son droit d’auteur en sa qualité de compositeur de “Metall auf Metall”. Les juridictions allemandes leur donnèrent raison, tant en première instance qu’en appel. Saisie d’un recours en révision, la Cour fédérale de justice allemande (Bundesgerichtshof), considérant que l’issue du litige dépendait de l’interprétation du droit de l’Union européenne, a posé plusieurs questions à ce propos à la Cour européenne.

Le charme discret de Wolf-Ferrari

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Ermanno WOLF-FERRARI  (1876-1948) : Idillio (concertino pour hautbois, cordes et deux cors–Sérénade pour cordesSuite (concertino pour basson, cordes et deux cors). Fabien THOUAND (hautbois), Valentino ZUCCHIATTI (basson), Nuova Orchestra da camera Ferruccio Busoni, dir. : Massimo BELLI. DDD–2019–67’ 27’’–Texte de présentation en anglais–Brilliant 95875

L’Avant dernière séance : le faust de Murnau

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Après le « jubilé Domingo », un opéra marathon, un ballet entre tradition et modernité et une symphonie hors norme, notre parcours aux Chorégies d’Orange continue avec un ciné-concert. La programmation de cette 150e édition du plus vieux festival au monde est décidément très éclectique et c’est tant mieux !

En attendant Don Giovanni ce mardi nous avons eu le plaisir d’assister à un exercice peu banal avec à l’affiche le très médiatique Jean-François Zygel. C’est la deuxième fois que ce dernier se livre dans le cadre des Chorégies à cette démonstration d’improvisation au piano. On peut parler de démonstration car Zygel est un maître -bien connu- du genre. En 2017 il nous transporta dans les tréfonds du Palais Garnier lors de la projection du légendaire Fantôme de l’Opéra dans sa version de 1925. Pourquoi changer une recette qui marche ? Deux ans plus tard Zygel s’attaque cette fois au Faust de Friedrich Wilhelm Murnau (1926). Cette initiative courageuse de la part de Jean-Louis Grinda, directeur du festival, est salutaire, c’est une manière astucieuse de perpétuer la mémoire des pionniers du cinéma européen. Un temps où le septième art était encore muet.