A Genève, un chef et un soprano pour Il Pirata

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Depuis plusieurs années, le Grand-Théâtre de Genève propose, une fois par saison, un ouvrage lyrique en version de concert. A été choisi, cette fois-ci, Il Pirata, le troisième opéra et le premier succès de Vincenzo Bellini. Pour rendre justice à cette partition difficile, il faut d’abord un chef de théâtre : pour la première fois l’on a fait appel au maestro milanais Daniele Callegari qui collabore avec l’Orchestra Filarmonica Marchiagiana, débutant aussi en ce lieu, en montrant d’emblée ce que signifie être une formation lyrique sachant se mettre en seconde place lorsque le chant l’exige. Quelle leçon pour les instrumentistes qui oeuvrent d’habitude dans cette fosse ! Ici, la baguette assouplit le phrasé pour ‘avancer’ constamment et user du rubato avec un geste clair que suivent aisément tant les divers pupitres que le Chœur du Grand-Théâtre de Genève, préparé par Alan Woodbridge ; et même un ritenuto approprié permet à la voix de soprano d’exécuter l’insidieux ‘passagio’ vocalisé sur « scoppia il cor » dans le Premier Finale.

Sigismondi, une seconde vie

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Gioachino Rossini (1792-1868) : Sigismondo, opéra en deux actes. Sigismondo, Margarita Gritskova – Aldimira, Maria Aleida – Ladislao, Kenneth TarverUlderico/Zenovito, Marcell BakonyiAnagilda, Paula Sánchez-Valverde Radoski, César Arrieta. Camerata Bach Choir, Poznan, Virtuosi Brunensis - Antonino Fogliani, direction. 2017-DDD-2 CD (70’27/78’45)-Textes de présentation en anglais et allemand-Naxos-8.660403-04.

A Genève, le retour en fanfare de Pinchas Steinberg

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Durant les trois saisons allant de septembre 2002 à août 2005, Pinchas Steinberg a été le directeur musical de l’Orchestre de la Suisse Romande. Dans le cadre des manifestations du centenaire, il revient donc à Genève et à Lausanne pour être, pour deux soirs, à la tête d’une formation avec laquelle il n’a pas travaillé depuis quatorze ans.

Le programme s’ouvre par le Concerto pour piano et orchestre n.3 SZ.119 de Bela Bartok qui a pour interprète le pianiste hongrois Gabor Csalog. Sur le pianissimo des cordes, le clavier distille d’abord une sonorité claire qui, hélas, se rigidifie dès le développement de l’Allegretto au point de devenir touffue. L’Adagio religioso est totalement dépourvu d’émotion, en se contentant de surnager sur une étouffante morosité. Par chance, le Finale semble mieux calibré rythmiquement avec le double fugato où le trait est plus nerveux. Mais se dégage l’impression que l’orchestre va son bonhomme de chemin pendant que, de son côté, le soliste œuvre besogneusement, ne recueillant, au terme du parcours, que quelques applaudissements de politesse.

 A la Scala, une indémodable Cenerentola

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Pour commémorer la disparition de Claudio Abbado survenue il y a cinq ans, la Scala de Milan reprend l’une des productions marquantes de sa direction artistique, La Cenerentola mise en scène par Jean-Pierre Ponnelle. Conçu pour le Mai Musical Florentin de 1971, présenté sur ce plateau  en avril 1973, le spectacle y a été reproposé trois fois sous la baguette du maestro, tout en étant affiché parallèlement à Vienne, Moscou, Londres et Washington. Puis pendant vingt ans, il a disparu de la programmation avant d’y revenir en juillet 2001 et en juin 2005.

Le droit d'auteur européen nouveau est (presque) arrivé !

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La veille de la Saint-Valentin, une délégation de la Commission, du Conseil et du Parlement européens est enfin parvenue à un accord sur la révision du droit d’auteur de l’Union européenne. Les accents triomphalistes du communiqué de presse portant le nouveau texte sur les fonts baptismaux parviennent difficilement à faire oublier les âpres discussions auxquelles la réforme a donné lieu. Le 14 février 2019, c’est par un « Je t’aime, moi non plus » que la plupart des parties intéressées ont accueilli le nouveau régime juridique, fruit d’un fragile compromis.

Il faut dire que les intérêts en présence étaient particulièrement difficiles (pour ne pas dire impossibles) à concilier. Une véritable quadrature du cercle qui aura coûté au triumvirat européen deux ans et demi d’efforts. Manœuvrant dans les eaux tumultueuses d’un triangle des Bermudes dessiné par trois lobbies aux positions antagonistes et parfois virulentes – représentants des auteurs, interprètes et exécutants et de leurs ayants-droit; plateformes en ligne; et utilisateurs –, le législateur a lui-même dû composer avec ses diverses composantes: une Commission soucieuse d’harmoniser le droit des Etats membres de l’Union, jusqu’ici relativement fragmenté dans le domaine du droit d’auteur; un Conseil donnant de la voix aux intérêts des Etats; et un Parlement attentif aux opinions de la société civile, divisée sur la question.

Denis Sungho, artiste pluriel

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Né à Busan (Corée du Sud) en 1975, il arrive la même année dans sa famille belge. Une jeunesse paisible où la musique prend rapidement une place de choix. Alors, c’est le Conservatoire de Huy, le Conservatoire de Bruxelles (classe de Sergio Assad) avec, à la clé, un Premier Prix en 1994, et des formations complémentaires à l’Ecole Normale Supérieure Alfred Cortot (Paris) auprès d’Alberto Ponce puis chez Odair Assad au Conservatoire Mons où il obtient son Diplôme Supérieur en 1998.

Travail et talent se conjuguent avec bonheur. Il est d’abord lauréat de la musique de la Fondation Belge de la Vocation puis, en 2005, son tout nouveau statut de Rinsing Star lui ouvre les plus grandes scènes. Ce seront Carnegie Hall (New York), le Concertgebouw d’Amsterdam, le Musikverein (Vienne), le Mozarteum (Salzburg), le Symphony Hall (Birmingham), le Konserthuset Stockholm, le Megaron (Athènes), le Palais des Beaux-Arts à Bruxelles, la Cité de la Musique (Paris), la Philharmonie de Cologne, celle de Berlin...
On le retrouve dans le cadre de festivals tels que le MusikTriennale à Koln et avec des ensembles comme l'Ensemble Intercontemporain ou Oxalys.  Ses enregistrements chez Fuga Libera, EMI et Naxos sont salués par les critiques spécialisés.

Berlioz, le coffret Warner événement

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Tout comme cela fut fait pour Debussy, Warner publie un gros coffret avec les oeuvres d’Hector Berlioz, magnifique entrée en matière pour les célébrations des 150 ans de la mort du génial compositeur. A cette occasion, Crescendo Magazine vous propose une rencontre avec Philippe Pauly, la cheville ouvrière de ce coffret et l’un des plus grands connaisseurs de la discographie de la musique classique.  

Dans le cadre de cette intégrale, vous avez dû planifier des enregistrements pour compléter le coffret par des œuvres inédites. N’est-il pas surprenant, en 2018, d’avoir encore des inédits de Berlioz comme cette Nonne Sanglante ?

Je dirais oui et non : plusieurs raisons peuvent expliquer de tels phénomènes. Parfois, une partition que l’on croyait perdue est miraculeusement retrouvée : ce fut le cas de la Messe solennelle de Berlioz. D’autres fois, le manuscrit est connu mais appartient à des collections privées et reste longtemps inaccessible : c’est encore le cas de certaines pages de Debussy. La résurrection de fragments plus ou moins achevés nécessite souvent un long travail d’édition et de reconstruction afin de rendre ces œuvres exécutables. Concernant Berlioz, son œuvre ne fit l’objet de recherches approfondies que relativement récemment : dois-je rappeler qu’il fallut attendre 1969 pour que la partition complète des Troyens soit enfin éditée ?