Minh-Tâm Nguyen à propos des Percussions de Strasbourg

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Les légendaires percussions de Strasbourg célèbrent leurs 60 ans et font l'événement avec la parution d’un livre disque consacré à des œuvres de Xenakis, un compositeur auquel ce groupe est intimement lié. A cette occasion, Crescendo rencontre Minh-Tâm Nguyen soliste et directeur artistique des Percussions de Strasbourg, mais également professeur de Percussions au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon 

Les percussions de Strasbourg, c’est dans l’esprit des amateurs de musique du XXe siècle : Pleïades de Xenakis dont votre ensemble a assuré la première mondiale. Que représente cette pièce pour vous ? 

Les Percussions de Strasbourg sont dédicataires de plus de 400 œuvres. Pleïades fait partie des contributions fondamentales, aussi bien pour la composition musicale que pour le développement de la technique instrumentale pour percussions. Xenakis s'est appuyé sur le vaste instrumentarium des Percussions de Strasbourg et l'a étoffé de nouveaux instruments que sont les Sixxens. Et pourtant, cela n'a pas empêché de nombreux ensembles de percussion de jouer Pleïades depuis 40 ans dans les plus grandes salles et festivals internationaux. On doit la réussite de cette œuvre à une relation particulièrement nourrissante entre le compositeur et les interprètes. Notre quatrième génération est fière de continuer à partager cet héritage.

Que ce soit avec Pleïades ou Persephassa, autre partition liée aux Percussions de Strasbourg, mais également avec d'autres oeuvres pour instruments à percussions, Xenakis était très à son aise avec cette famille d’instruments. Qu’est-ce qui fait la force du geste compositionnel de Xenakis à travers les percussions ? 

Xenakis, en réponse à une lettre de J. Batigne, membre fondateur des Percussions de Strasbourg déclarait : "Quand j’écrirai pour vous, ce sera une oeuvre fondamentale pour la percussion". 

Toutes les œuvres pour percussions de Xenakis s'inscrivent dans le répertoire essentiel pour percussions et continuent, encore aujourd'hui, à susciter le développement des techniques instrumentales des percussionnistes. Ce sont des pièces extrêmement performatives et il en résulte, à chaque exécution, un débordement d'énergie. 

Beaucoup de musiques composées au cours de la seconde partie du XXe siècle semblent tomber dans un oubli, voire un dédain. La musique de Xenakis semble au contraire passer l’épreuve du temps et s’imposer comme une pierre angulaire de la modernité musicale. Partagez-vous cette impression ? 

 En effet, la musique de Xenakis ne vieillit pas et nous permet encore de l'observer selon un angle nouveau à chaque lecture. Il était très visionnaire.

A Lausanne un triomphe pour Alcina ! 

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En février 2012, l’Opéra de Lausanne avait présenté l’Alcina  de Haendel dans une mise en scène de Marco Santi qui n’avait guère marqué les esprits. Dix ans plus tard, Eric Vigié, son directeur, frappe un grand coup  en confiant une nouvelle production à Stefano Poda qui, à lui seul, assume régie, décors, costumes, lumières et chorégraphie. 

Et c’est justement par le jeu savant des éclairages qu’est créé un vaste jardin, encadré de cyprès effilés à la Fra Angelico, que découvrent les deux naufragés, Bradamante travestie en chevalier Ricciardo et son tuteur, Melisso. Immédiatement confrontés à Morgana, femme âgée portant une robe à panier noire démesurée, tous deux sollicitent une rencontre avec Alcina qui paraît dans une semblable crinoline blanche galonnée d’or. Tout habitant de l’ile, y compris Ruggiero, le fier chevalier, fiancé de Bradamante, revêt jaquette et culotte de cérémonie XVIIIe sur bas de soie. Lorsque descend des cintres une boule mastodonte qui s’entrouvre pour révéler le palais d’Alcina, une seconde jeunesse est donnée par enchantement à chacun de ceux qui y pénètre. Morgana ose s’afficher en body noir pailleté quand la reine, sa sœur, se pare d’un déshabillé vaporeux dans ses appartements de l’étage supérieur où règne la luxure, quitte à se donner du plaisir en usant des ‘loyaux services’ de la valetaille. Tandis que les abords de cet univers clos sont gardés par des panthères noires en céramique glazurée et que les serviteurs promènent des paons blancs empaillés, l’on finit par se rendre compte que ce monde enchanté a emprisonné les habitants en les métamorphosant en animaux et que tout dissident comme Oronte, Bradamante, Melisso et Ruggiero libéré du sortilège, est roulé dans une cage polyédrique. C’est donc lui qui brisera l’urne détentrice des pouvoirs magiques d’Alcina et de l’élixir de jeunesse. Et chacun retrouvera son aspect d’antan…

Sans surcharge ni artifice Rigoletto à Liège

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A l’Opéra de Liège, le Rigoletto de Verdi a une fois de plus enthousiasmé un public nombreux venu se réjouir du spectacle d’une tragédie. Se réjouir d’une tragédie ? Non, il ne s’agit pas d’un plaisir sadique comparable à celui qu’éprouvaient les spectateurs des jeux du cirque ; non, il s’agit de s’émerveiller de la façon dont un librettiste, un compositeur, un metteur en scène et son équipe, et des interprètes réussissent à sublimer, à transcender de terribles expériences de vie et de mort définitivement humaines : désirs, orgueil, trahison, mensonge, vengeance, amour, passion, soif du pouvoir, sacrifice.

D’autant plus que pour beaucoup de ces spectateurs, il s’agit d’un bonheur renouvelé, perpétué. Ils connaissent l’œuvre, mais chaque fois pourtant ils y découvrent des réalités inédites, dans une phrase du livret, annonciatrice de ce qui finira par advenir ou révélatrice d’une affection, dans une séquence de la partition dont on prend conscience soudain du raffinement de son orchestration, de son instrumentation.

Ouvertures de Schubert : où est la « joie de vivre » annoncée ?

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Franz Schubert (1797-1828) : Ouvertures dans le style italien D 590 et 591 ; Ouverture de Fierrabras D 796 ; Ouverture en ré majeur D 557 ; Ouverture en fa mineur D 8 ; Ouverture de Rosamunde D 644 ; Ouverture « Der häusliche Krieg » D 787 ; Ouverture « Der Teufel als Hydraulicus » D 4. Berliner Symphoniker, direction Hansjörg Schellenberger. 2020. Notice en allemand et en anglais. 63.27. Solo Musica SM 361.

Volumes 36 & 37 de l’intégrale des cantates par la J.S. Bach-Stiftung

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Bach Kantaten n°36. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates Es ist ein trotzig und verzagt Ding BWV 176 ; Mein Gott, wie lang, ach lange BWV 155 ; Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort BWV 126. Monika Mauch, Julia Neumann, soprano. Terry Wey, Simon Savoy, altus. Margot Oitzinger, alto. Julius Pfeifer, Daniel Johannsen, ténor. Manuel Walser, Raphael Jud, Dominik Wörner, basse. Chœur et orchestre de la J.S. Bach-Stiftung, direction Rudolf Lutz. Janvier 2009, mai 2013, février 2019. Livret en allemand et anglais (paroles des cantates en allemand non traduit). TT 41’10. J.S. Bach-Stiftung n°36.

Bach Kantaten n°37. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates Sie werden aus Saba alle kommen BWV 65 ; Ich geh und suche mit Verlangen BWV 49 ; Ach, lieben Christen, seid getrost BWV 114. Núria Rial, soprano. David Erler, altus. Georg Peplutz, ténor. Sebastian Noack, Wolf Matthias Friedrich, basse. Chœur et orchestre de la J.S. Bach-Stiftung, direction Rudolf Lutz. Octobre 2017, septembre 2018, janvier 2021. Livret en allemand et anglais (paroles des cantates en allemand non traduit). TT 64’59. J.S. Bach-Stiftung n°37.

Concert maritime avec l'Orchestre national de Cannes

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C'est avec intérêt qu'on retrouve l'Orchestre National de Cannes et son chef Benjamin Lévy pour un concert qui met au programme des œuvres à la thématique maritime, projet intéressant pour un orchestre d’une ville côtière.  Au programme trois compositeurs français qui ont exalté la mer. Jean-Marie Blanchard, le Directeur Général de l'orchestre, introduit le concert par quelques mots rappelant l'obligation d'humanité et de solidarité pour ceux qui souffrent si près de nous.

Le concert est lancé avec Une barque sur l'océan de Maurice Ravel. La nomenclature orchestrale est très importante mais tout est déployé avec sensibilité et raffinement. Benjamin Lévy illustre les ondes de la mer par une interprétation lumineuse, tout en finesse. Il crée exactement l'effet magique recherché par Ravel dans cette merveilleuse évocation d'un bateau sur l'océan. 

Deux figures de la musique légère britannique : Coates et Coleridge-Taylor

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Eric Coates (1886-1957) : By the Sleepy Lagoon ; Springtime Suite ; Saxo-Rhapsody ; Footlights Waltz ; Four Ways Suite ; The Eighth Army March ; Lazy Night ; Last Love ; High Flight March. Kenneth Edge, saxophone ; Orchestre symphonique de la Radio slovaque, direction Andrew Penny. 1993. Notice en anglais. 62.58. Naxos8.555194. Samuel Coleridge-Taylor (1875-1912) : The Song of Hiawatha op. 30 n° 3 : Ouverture ; Petite suite de concert op. 77 ; 4 Valses caractéristiques op. 22 ; Gipsy Suite ; Romance of the Prairie Lilies ; Othello, suite op. 79. RTÉ Concert Orchestra, direction Adrian Leaper. 1993. Notice en anglais. 71.15. Naxos 8.555191.

Éminente anthologie de l’orgue de la Renaissance et du Baroque sur deux historiques instruments du Tyrol

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Historical Organs in South & North Tyrol. Heinrich Isaac (av1450-1517), Paul Hofhaymer (1459-1537), Johannes Weck (c1492-1536), Matthias Greiter (c1500-1550), Josquin Desprez (c1440-1521), Wolfgang Grefinger (c1480-ap1517), Domenico Maria Ferrabosco (1513-1574), Master Newman (fl. 16ème siècle), Richard Edwards (?-1566), Robert Johnson (1485-1560), John Bull (1562-1628), Giles Farnaby (c1560-c1620), Sebastian Aguilera de Heredia (1561-1627), Andrea Gabrieli (c1515-1586), Andrea Cima (fl. c. 1600), Hans Leo Hassler (1564-1612), Heinrich Scheidemann (c1596-1663), Giovanni Picchi (fl. c. 1600) / Bernardo Storace (fl. 17ème siècle), Johann Caspar Kerll (1627-1693), Johann Jacob Froberger (1616-1667), Severin Schwaighofer (?-1700), Georg Muffat (1653-1704), Johann Speth (1664-ap1719), Franz Xaver Murschhauser (1663-1738), Johann Caspar Ferdinand Fischer (c1670-1746), Johann Ernst Eberlin (1702-1762), anonymes. Peter Waldner, orgues du Château de Churburg et de l’Abbaye de Stams. Livret en anglais. Juin & octobre 1993, juin 1996 ; réédition 2021. TT 71’03 + 77’09. Tastenfreuden 10. 

Le luth français et la théorie des humeurs, auscultée par Simone Vallerotonda

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Méditation. Les quatre saisons du luth. Charles Mouton (1626-1699) : Prélude ; La Belle Espagnole ; La Belle Florentine ; La Mélancolique ; La Volage ; My mistress is pretty. Robert de Visée (1650-1725) : Tombeau Mazarin ; Courante ; Prélude ; Allemande ; La Muzette ; Tombeau du Vieux Gallot. Jacques Gallot (1625-1695) : La Comete ; L’Altesse royale ; La Cigogne ; Les Castagnettes. Pierre Dubut (1642-1700) : Rondeau. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Air pour les esclaves africains ; Les Tendres Plaintes. Germain Pinel (1600-1661) : L’Enchantement. Pierre Dubut (1610-1681) : Courante. Valentin Strobel (1611-1669) : Canaries ou Gigue. François Couperin (1668-1733) : Les Barricades mystérieuses. Simone Vallerotonda, luth. Livret en anglais, français, italien. Janvier 2021. TT 56’31. Arcana A496