Barbara Hannigan galvanise le Philhar’ et le public dans Stravinsky, Offenbach et Weill

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C’était un programme particulièrement festif pour ce concert où Barbara Hannigan, dans le cadre de sa résidence à Radio France, dirigeait l’Orchestre Philharmonique. 

Tout d'abord, Pulcinella, pour lequel Igor Stravinsky a repris, pour l’essentiel, des pièces de Jean-Baptiste Pergolèse. La suite d’orchestre, qui permet à tous les instrumentistes de briller, est souvent jouée. Le ballet intégral est moins connu et c’est bien dommage, car c’est ainsi que nous saisissons réellement le contenu émotionnel de ce chef-d'œuvre néo-classique.

Dès l’Ouverture, nous sentons que la générosité sera au rendez-vous. Le hautboïste et les chefs de pupitres des cordes recherchent l’expression, loin de tout maniérisme. Le ténor Ziad Nehme entre pour la Serenata ; la voix est claire et directe, et il pose un décor pastoral et sentimental qui ne laisse pas encore présager les tourments qui vont venir. Suivent quelques pièces d’orchestre contrastées, puis l’Allegretto dans lequel la mezzo-soprano Julia Dawson se charge de nous faire comprendre, avec ses graves terrifiants, que la commedia dell’arte a ses côtés glaçants. Et en effet l’Allegro assai qui s’enchaîne, outre de nous faire admirer la virtuosité des cordes et de la flûtiste, nous emmène bien dans le tumulte, confirmé par l’arrivée peu après du baryton-basse, Douglas Williams, aux vrais airs de Don Giovanni. À son départ l’orchestre exprime une bien émouvante tristesse.

Une passionnante intégrale des symphonies de Marcel Poot

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Marcel Poot (1901-1988) : Symphonies n° 1 à 7. BRTN Philharmonic Orchestra, direction Hans Rotman ; Orchestre Symphonique de la Radio Nationale Belge, direction Franz André ; Orchestre Symphonique de Moscou, direction Frédéric Devreese ; Philharmonie van Antwerpen, direction Léonce Gras. 1960, 1971, 1995-96. Notice en anglais, en néerlandais et en français. 141.26. Un album de deux CD Naxos 8.574292-93.

L’Opéra de Poznań propose une version chaleureuse de Halka de Moniuszko

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Stanislaw Moniuszko (1819-1972) : Halka, opéra en quatre actes. Dominik Sutowicz (Jontek), Magdalena Molendowska (Halka), Lukasz Goliński (Janusz), Rafael Korpik (Stolnik), Magdalena Wilczyńska-Goś (Zofia), Damian Konieczek (Dziemba) ; Chœurs et Orchestre de l’Opéra de Poznań, direction Gabriel Chmura. 2019. Notice en anglais. Pas de texte du livret, mais synopsis. 117.10. Un album de deux CD Naxos 8.660485-86. 

Baroque à Gdansk : trois cantates profanes de Johann Freislich, Kapellmeister de l’église Sainte-Marie

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Musica Baltica 8. Johann Balthasar Christian Freislich (1687-1764) : Cantates Kinder der Musen FreisWV E 28 ; Eilet, ihr beglückten Schiffe, aus dem weiten Orient FreisWV E 35 ; Auf, Danzig, lass in jauchzenden Chören FreisWV E 20. Ingrida Gápová, soprano. David Erler, alto. Georg Poplutz, ténor. Thilo Dahlmann, basse. Goldberg Baroque & Vocal Ensemble, direction Andrzej Mikołaj Szadejko. Octobre 2020. Livret en anglais, français, allemand. Texte des chants en allemand non traduit. TT 75’30. SACD multicanal. MDG 902 2209-6.

Earl Wild sous les doigts de Vittorio Forte

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Earl Wild (1915-2010). George Frideric Handel (1685-1759) : « Air et variations » de la Suite n°5 ; Alessandro Marcello (1669-1747) : Concerto pour hautbois en ré mineur, « Adagio » ; Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : “ Dreams” - “Do not grieve” – “Floods of Spring” – On the death of a linnet” –  “Where Beauty Dwells” – “Sorrow in Springtime” – “The Muse” ; Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893) – « Au Bal » - « Danse des quatre cygnes » ; George Gershwin (1898-1937) : Seven Virtuoso Etudes on Popular SongsImprovisation in the form of a Theme and three variations on “Someone to watch over me” ; C.P.E. Bach (1714-1788) : Solfegietto.  Vittorio Forte, piano.  2021-77’33”-Livret de présentation en anglais, français et allemand-Odradek-ORDCD399

Christophe Delporte, Astoria et la Misa Tango 

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Virtuose de l’accordéon et du bandonéon, notre compatriote Christophe Delporte est le fondateur de l’Ensemble Astoria qui se consacre au tango. En compagnie des New Baroque Times Voices, Astoria nous ravit avec un nouvel album nommé  Misa Tango. 

Votre nouvel album se nomme Misa Tango. Pouvez-vous nous en expliquer le concept ? 

Léonardo Anglani (le pianiste d’Astoria) et moi-même avons été sollicités par une excellente chorale amateure et un petit orchestre pour interpréter la Misa Tango (Misa a Buenos Aires) de Martín Palmeri. (Pour quelques concerts en Belgique). Lors de la première répétition et dès les premières notes, nous avons eu la même idée…….. pourquoi ne pas arranger la MisaTango pour Astoria ?

Depuis 18 ans (et 6 albums), Astoria interprète exclusivement la musique d’Astor Piazzolla ! Mais pourquoi ne pas faire un petit pas de côté ? Après tout, Martín Palmeri est également un compositeur Argentin et surtout l’univers « Misa Tango » nous invite naturellement à penser à Astor Piazzolla.  En tous cas, nous y avons vu (et entendu) une passerelle évidente entre ces deux compositeurs.

Cet album propose des œuvres de Piazzolla dont nous célébrons le centenaire. Pour vous qui avez consacré au tango et à ce compositeur plusieurs albums, pourquoi sa musique nous touche-t-elle toujours autant ? 

La musique d’Astor Piazzolla est une musique vivante, vibrante, qui parle d’amour, de douleur, d’espoir et de mélancolie et qui vous emporte dans un maelström de sensations. C’est un réel plaisir que de parcourir tous ces sentiments et surtout de les transmettre au public. 

Streamings de la semaine : Tourcoing, Liège et Bruxelles

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Pour commencer cette sélection, nous vous donnons rendez-vous en ligne. Le samedi 5 juin à 20h sur la page Facebook de l’Atelier lyrique de Tourcoing,vous pourrez retrouver l'Orchestre les Ambassadeurs sous la direction d’Alexis Kossenko pour un concert qui fera revivre l’orchestre de Dresde au temps de Bach, à travers une sélection de chefs-d’œuvre de Zelenka, Heinichen, Pisendel, Fasch. Ce concert sera également en crosspostage sur la page Facebook sur Crescendo Magazine.

Les Ambassadeurs n’ont pas lésiné sur les moyens pour en rendre toute la saveur, l’intensité et la fougue – orchestre somptueux et solistes d’exception (Coline Dutilleul et Stephan MacLeod). Un projet filmé dans le cadre de l'abbaye de Royaumont. 

A l'Opéra de Liège, ce sera la fête à Mozart avec un superbe Cosi fan Tutte sous la direction de Christophe Rousset. Au pupitre de cette version concertante, le chef français dirigera une distribution qui s’annonce excellente : Cyrille Dubois, Leon Košavić, Maria Rey-Joly, Lucia Cirillo, Sophie Karthäuser et Lionel Lhote. Rendez-vous du 5 juin au 15 juin. 

Du côté de La Monnaie de Bruxelles, qui reprend des représentations publiques avec Tosca de Puccini et un récital particulièrement attendu de Simon Keenlyside, vous pouvez visionner jusqu’au 8 juin un concert nordique avec Sibelius (Concerto pour violon) et Grieg (Extraits de Peer Gynt) avec le violoniste Emmanuel Tjeknavorian, en compagnie de l’Orchestre symphonique de La Monnaie sous la direction d’Alain Altinoglu. 

L'école belge de violon (III) : Eugène Ysaÿe

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Crescendo-Magazine reprend un dossier consacré à l'école belge de violon publié en avril 2002 sous la plume de Michele Isaac.

Alors que tous les violonistes énoncés ont apporté leur contribution à l’édifice violonistique national et mondial, il en est un qui demeure le plus merveilleux d’entre tous. Eugène Auguste Ysaÿe (Liège 1858-Bruxelles 1931) doit sa notoriété immuable à sa carrière de soliste virtuose mais également à son rôle prépondérant dans la création d’un des plus prestigieux concours de musique.

Tandis que son père est violoniste et chef d’orchestre à l’opéra de la Cité Ardente, le jeune Eugène suit des cours de violon entre 1865 et 1869 chez Désiré Heynberg au Conservatoire de Liège. Après le décès de sa mère, il accompagne son père dans ses tournées et joue dans son orchestre. Entre 1872 et 1874, il décide de reprendre l’étude de l’instrument à archet chez Rodolphe Massart. Cependant, son éducation musicale se parfait auprès d’Henryk Wieniawski à Bruxelles et peu après chez Henri Vieuxtemps à Paris de 1876 à 1879. Devenu chef d’orchestre de la “Bilsesche Kapelle” à Berlin de 1879 à 1883, Ysaÿe entreprend des tournées dans les pays scandinaves et en Russie où il devient le garant des œuvres de César Franck, de Gabriel Fauré et de Claude Debussy. Cinq ans plus tard, il crée le fameux “Quatuor Ysaÿe” composé de Mathieu Crickboom, Léon Van Hout, Joseph Jacob et de lui-même. De 1886 à 1898, il tient le poste de professeur de violon au Conservatoire de Bruxelles où il se permet d’organiser fréquemment des concerts de musique moderne. C’est ainsi qu’il fonde la “Société des concerts Ysaÿe” qui perdure de 1895 à 1940. Parcourant les continents, il revient en Belgique en 1922 après avoir émigré un temps en Angleterre et aux États-Unis pendant la Grande Guerre. Affaibli par un état de santé précaire, il voit la consécration de son unique opéra écrit en langue wallonne Pière li Houyeu  cinq semaines avant de mourir le 12 avril 1931.

 Celui qui n’a composé que “pour et par le violon” a laissé de très belles œuvres dont de nombreux Poèmes adaptés pour le violon de conception toute lisztienne et un groupe remarquable de Six Sonates pour violon seul, opus 27 daté de 1923. Ayant joué une rôle primordial dans l’évolution de la technique instrumentale, Ysaÿe demeure un pionnier de l’école moderne du violon grâce à sa conception particulière de doigtés jamais utilisés auparavant.Reconnu par ses pairs, il s’est fait des amis parmi lesquels on retrouve Henri Duparc, Gabriel Fauré, Édouard Lalo, Ernest Chausson, Guillaume Lekeu, Vincent d’Indy, Claude Debussy mais aussi le “Français d’adoption” César Franck. Impressionnant tant par son jeu violonistique que par sa personnalité et son aspect physique, Ysaÿe forme à partir de 1896 à Paris avec Raoul Pugno un duo légendaire par lequel il se distingue notamment dans l’interprétation de la Sonate en la majeur offerte par Franck.