Lea Desandre, Thomas Dunford et le Jupiter : un souffle partagé pour saluer Dowland et Purcell

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Songs of Passion. John Dowland (c.1563-1626) : Extraits des First & Second Book of Songs or Ayres ; extraits des Lachrimae ; A Dream ; The Frog Galliard. Henry Purcell (1659-1695) : Extraits de The Fairy Queen et de Didon et Énée ; Strike the viol ; O solitude, my sweetest choice. Lea Desandre, soprano ; Ensemble vocal Jupiter ; Huw Montague Rendall, baryton ; Ensemble instrumental Jupiter ; Thomas Dunford, théorbe et direction. 2024. Notice en anglais, en français et en allemand. Textes chantés reproduits, avec traductions en allemand et en français.94’ 08’’. Un album de deux CD Erato 50211732828453. 

Quatre œuvres chambristes de Grégoire Rolland

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Cordes tressées. Grégoire Rolland (*1989) : Sān, pour violon, violoncelle et piano. Cordes tressées, pour quatuor à cordes. Trois Danses, pour piano et cordes. D’une goutte à l’océan, pour sextuor à cordes. Quatuor Girard. Grégoire Girard, Agathe Girard, violon. Hugues Girard, alto. Lucie Girard, violoncelle. Moya Yu, piano. Marie-Anne Hovasse, alto. Luc Dedreuil, violoncelle. Septembre 2024. Livret en français. 53’24’’. Hortus 245

Manon Papasergio ressuscite les sortilèges de la « viola bastarda »

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Per la viola bastarda. Œuvres de Silvestro Ganassi (1517-1566 ?), Diego Ortiz (1510-1570), Antonio de Cabezon (1510-1566), Richardo Rogniono (1555 ?-1620), Orazio Bassani (1550-1615), Francesco Rognoni (1570-1626). Manon Papasergio, basse de viole, Angélique Mauillon, harpe, Yoann Moulin, orgue et clavecin, Clemence Nicolas. 2025.Textes de présentation en français et anglais. Durée : 1H6’12. Ricercar RIC480

Les Millésimes 2025 de Crescendo Magazine

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Cette édition 2025 des Millésimes de Crescendo Magazine est très particulière car, en janvier dernier, notre cofondatrice Michelle Debra (1950-2025), nous a quittés. Crescendo-Magazine avait été fondé, en 1993, par Bernadette Beyne (1949-2018) et Michelle Debra, initiative novatrice et visionnaire, à partir de la Belgique francophone. Au fil des années, Crescendo-Magazine s’est établi une notoriété internationale fondée sur la découverte et le partage, fédérant de nombreuses plumes et un lectorat fidèle, autour de la musique classique. 

Ainsi, de manière à faire perdurer, tant l’esprit pionnier que la passion de la découverte qui animaient Bernadette Beyne et Michelle Debra, la rédaction de Crescendo-Magazine, a souhaité, dans le cadre des Millésimes annuels, décerner un “Prix Bernadette Beyne et Michelle Debra” qui récompense une initiative pionnière et exemplative du  dynamisme de la scène musicale tout en y associant les plus hautes exigences de qualité et de renouveau. 

Ce premier “Prix Bernadette Beyne et Michelle Debra” est décerné à l’enregistrement consacré aux Symphonies n°1 et n°2 de la compositrice Elsa Barraine par  WDR Sinfonieorchester sous la direction de la cheffe d’orchestre Elena Schwarz (CPO).  Cet enregistrement consacre une artiste magistrale, dans le mouvement de redécouverte des compositrices, sous la direction d’une cheffe d'orchestre qui compte parmi les grands talents de notre temps et que Crescendo Magazine suit depuis plusieurs années au fil d’une carrière de haut rang.    

A une époque où la modernité est remise en cause, la sélection des Millésimes met en avant des compositeurs qui ont marqué leur époque par la rupture et l’incarnation de l'avant-garde. Ainsi l’enregistrement de l’année consacre un album qui met en relief le magistral Coro de Luciano Berio avec une partition du génial compositeur slovène Vito Žuraj : Automatones qui s’impose comme l’un des grands chefs d'œuvres des années 2020. 

Modernité de rupture également avec 2 merveilleuses parutions consacrées à Arnold Schoenberg par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko et l’Orchestre symphonique de Montréal sous la baguette de Rafael Payare

Les millésimes 2025 de Crescendo Magazine, c’est une attention portée au matrimoine musical avec un album Amy Beach avec le chef d’orchestre Joseph Bastian, à la découverte de pans de répertoires encore méconnus comme les oeuvres pour piano de Miklós Rózsa par Krisztina Fejes, les mélodies de Donizetti, projet éditorial structurant du label Opera Rara ou bien une plongée dans la Paris musical du Premier empire.  

De Belgique, on salue les parutions Ricercar (Colonna/Haendel) et Musiques en Wallonie (Ysaÿe) avec les ensembles belges Chœur de Chambre de Namur et Orchestre philharmonique royal de Liège. 

Les critiques musicaux de notre média, apprécient toujours, entendre les classiques revisités par des interprètes de notre temps à l’image d’Alexandre Kantorow (Brahms - Schubert), François Dumont (Debussy), Beatrice Rana (Bach),  ou Evangelina Mascardi (Weiss)

Nous vous invitons à découvrir cette cinquième édition des Millésimes de Crescendo-Magazine  dans cette brochure numérique, mais surtout, nous vous invitons à les écouter. 

Découvrir le palmarès 2025 des Millésimes de Crescendo Magazine :

Sandra Chamoux, RéSonare

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©Simon Barral-Baron

La pianiste Sandra Chamoux revient au disque avec un album dont le titre est RéSonare et qui met en relief Brahms, Mendelssohn, Rachmaninov et Bach dans une transcription de Busoni. C’est un voyage musical en Ré mineur, porté par la forme du thème et variations, est un parcours éditorial original.  Sandra Chamoux répond aux questions de Crescendo Magazine. 

Votre nouvel album prend pour titre “RéSonare”. Pourquoi ce titre ? 

Pendant que j'enregistrais ce disque,  cherchant un titre, une nuit, je me suis réveillée en pensant RéSonare Fibris qui est une partie de l’hymne ayant servi à la construction du nom de nos 7 notes de musique occidentale.

La note RÉ est la contraction de la première syllabe de ce vers latin qui signifie "Résonner les cordes, les fibres résonnent...". J’ai également fait le jeu de mots avec Sonare qui en italien signifie Jouer , associé à Ré, devient RéSonare: Résonner…. 

Votre album propose des œuvres de Bach / Busoni, Brahms, Mendelssohn, et Rachmaninov. Comment avez-vous sélectionné les compositions et ces œuvres en particulier ?

L'œuvre de départ de ce projet est la Chaconne pour violon de Bach, transcrite au piano par Busoni. Je joue et travaille cette œuvre depuis que j'ai 20 ans, et j'ai un attachement profond pour cette œuvre magistrale pour violon. 

J'ai ensuite découvert le sublime mouvement lent du  Sextuor pour cordes n°1 de Brahms qu'il a transcrit au piano pour Clara Schumann. J'ai eu un véritable coup de cœur pour cette transcription et me suis orientée naturellement vers d'autres œuvres qui étaient déjà dans mon répertoire. Les points communs entre ces deux œuvres de Bach et Brahms m'ont amenée à Rachmaninov ainsi qu'à Mendelssohn. 

Dans le livret, dont vous avez signé le texte du booklet, vous écrivez que cet enregistrement est “un immense voyage relié par plusieurs points d’ancrage commun aux quatre oeuvres enregistrées”. Quels sont ces points d’ancrage communs ?   

Le principal est la tonalité commune de Ré mineur , le second est une immersion dans la forme « thème et variations », et pour finir trois oeuvres sur les quatre (Bach, Brahms et Rachmaninov) sont inspirées par des oeuvres à l’origine composées pour les cordes : la Chaconne de Bach, les Thèmes et variations de Brahms, et le thème de "La Folia" de Corelli qui est l'inspiration sur laquelle s'est portée Rachmaninov pour écrire ses Variations sur un thème de Corelli.

Goran Filipec, Chopin en perspectives 

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Le pianiste Goran Filipec construit une discographie de haut vol où prédomine des œuvres de Liszt. Pour le label Naxos, avec lequel il collabore depuis de nombreuses années, il fait paraître un nouvel album consacré à Chopin. Goran Filipec apporte un regard neuf sur le compositeur au travers d’un album remarquablement pensé. Goran Filipec répons aux questions de Crescendo Magazine. 

Cet album est le premier de votre belle discographie qui est consacré à Chopin. Pourquoi enregistrer Chopin à ce moment de votre carrière ? 

Chopin faisait toujours partie de mon répertoire. Je l’ai joué beaucoup en concert, mais, comme il y a un grand nombre d’enregistrements de ses œuvres, je n’étais pas particulièrement attiré par l’idée de l’enregistrer. En outre, on trouve quelques enregistrements vraiment exceptionnels des œuvres de Chopin, et je me réfère surtout aux enregistrements historiques. La proposition qui m’est arrivée de M. Klaus Heymann fondateur de Naxos, a réveillé mon enthousiasme et je me suis lancée dans ce projet en essayant de retrouver la fraîcheur dans ces morceaux beaucoup joués, et de contextualiser le répertoire d’une façon qui n’est pas neuve, vu qu’elle date des siècles précédents, mais qui est pratiquement oubliée aujourd’hui. 

Votre album propose les Ballades et les Scherzos et quelques Préludes. L'œuvre de Chopin est vaste, mais pourquoi avoir choisi ces partitions précisément et pas d’autres ?  

Le programme m’a été suggéré par la maison discographique, et j’ai apprécié la suggestion car elle était pertinente. Il y a une correspondance entre les Ballades et les Scherzos au niveau des périodes où ces morceaux ont été composés. Ce sont des morceaux de forme moyenne qui dans le contexte d’un programme communiquent très bien entre eux. 

Sur cet enregistrement, les œuvres mêlent formant un parcours mélangé, avec des Préludes parsemés au fil de l’album, comme des points d'équilibre.  Comment avez-vous conçu ce voyage à travers ces partitions de Chopin ?  

Pour chaque Ballade, chaque Scherzo et la Fantaisie, j’ai choisi, comme introduction, une Prélude du compositeur qui pourrait correspondre à ces morceaux au niveau de tonalité, texture, ou de caractère. Chopin n’a jamais joué les Préludes comme un cycle, mais il les jouait comme introduction aux formes plus grandes, comme les Ballades. La pratique de préluder avant les grands morceaux était habituelle au 19e siècle, et ces miniatures ont été conçues dans l’esprit des préludes de l’époque. Souvenons-nous des Préludes de Clara Schumann ou de Kalkbrenner.  Le programme dans sa totalité a finalement résulté trop long pour un CD, et l’éditeur a décidé de le découper, et de publier en forme numérique ce qui ne rentrait pas dans le disque.  

Les JM ont 85 ans et lancent « Ode aux lendemains », un spectacle-appel à la résistance

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C’est en octobre 1940 que sont créées à Bruxelles les Jeunesses Musicales, un mouvement qui gagnera après-guerre une dimension mondiale. A cette occasion, les JM programment « Ode aux lendemains », un spectacle qui rejoint le thème fondateur de résistance à la base de leur fondation en 1940. L’intuition du fondateur Marcel Cuvelier n’était-elle d’organiser un mouvement qui allait rassembler tous les jeunes du pays autour de ce grand idéal qu’était la découverte de la musique classique du monde entier ? Son but : faire jaillir une flamme d’espoir et entretenir la force de la musique pour unir, apaiser et inspirer. L’urgence de cette démarche est plus que jamais d’actualité aujourd’hui.

L’organisation de ce spectacle représente aussi un juste retour à la démarche fondamentale des Jeunesses Musicales : faire partir le mouvement des jeunes eux-mêmes, en faire leur chose, longtemps illustrée par la démarche fondamentale des délégués, ces intermédiaires jeunes eux-mêmes entre les membres et les organisateurs. « Ode aux lendemains », qui est soutenu par toutes les équipes des Jeunesses Musicales et l’équipe pédagogique de l’OPRL, part du travail de 140 jeunes de 5e et 6e, issus de huit écoles d’horizons très différents. Cette création collective est portée par Fabrice Murgia, à coup sûr, le metteur en scène belge le plus innovateur et par le compositeur arrangeur Gwenaël Mario Grisi, très remarqué lors de sa résidence à l’OPRL. Elle est basée sur une série de grandes œuvres, de l’« Hymne à la joie » de Beethoven à « Romeo et Juliette » et sur des textes écrits et chantés par 140 jeunes de 5e et 6e. Le tout dirigé par Laurent Zufferey.

Au festival Ex-Tempore de Leipzig

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Le 9ème Festival d’improvisation de musique ancienne Ex-Tempore s’est tenu à Leipzig du 2 au 5 octobre 2025. Il conviait le public à quatre concerts très variés, trois journées complètes de masterclasses /ateliers avec 11 professeurs ainsi que deux soirées de Jam Session « après concert » ouvertes à tous dont la première était dansée. 

Venise 1625 était le titre du concert d’ouverture du jeudi 2 octobre dans la Alte Börse de Leipzig. L’ensemble all’improvviso et la soprano Viola Blache nous ont offert des interprétations uniques d’œuvres de Claudio Monteverdi, Francesco Cavalli, Alessandro Grandi et Heinrich Schütz — des versions qu’on n’entendra qu’une seule fois, car elles étaient magnifiquement improvisées.

Jamais je n’avais ressenti avec autant d’évidence le lien rhétorique entre la musique et le texte dans ce répertoire italien du début baroque. Ce soir-là, il s’est déployé avec une force et une justesse saisissantes.

Le premier air, Quel sguardo sdegnosetto de Monteverdi, basé sur une chaconne, a été interprété avec une originalité remarquable. Là où les trois strophes sont habituellement enchaînées, nous avons eu droit à de véritables improvisations instrumentales insérées entre elles, chacune construite sur la chaconne, venant souligner et approfondir le jeu amoureux exprimé par le texte. Un rendu d’une grande finesse.

La soprano Viola Blache manie sa voix et ses diminutions avec la même agilité que les dessus instrumentaux. Sa parfaite maîtrise de l’interprétation historique lui permet d’improviser des ornements nombreux, toujours expressifs, sans jamais les alourdir par un vibrato excessif — ce travers fréquent chez des voix trop puissantes ou trop tendues pour ce répertoire.

Dans Et è pur dunque vero de Monteverdi, les ritournelles — à la flûte comme au violon — prenaient une saveur toute particulière. Martin Erhardt excelle à la flûte à bec, à la fois comme interprète et improvisateur, tout comme Michael Spiecker au violon, Christoph Sommer au théorbe avec son jeu tout en écoute et en résonance, et bien sûr la très subtile violiste Miyoko Ito, elle aussi improvisatrice hors pair.

Un somptueux livre-disque pour le cinquantenaire de l’orgue de la cathédrale de Trèves

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Klingender Domschatz. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sinfonia de la cantate BWV 29 [arrgmt. Marcel Dupré]. Prélude et Fugue en la mineur BWV 543. Nun komm, der heiden Heiland BWV 659. Air de la Suite pour orchestre no 3 en ré majeur BWV 1068 [arrgmt. Sigfrid Karg-Elert]. Naji Hakim (*1955) : Canticum pour orgue. Von Gott gemacht pour soprano, chœur et deux orgues. Ludwig Boslet (1860-1951) : Prélude et Fugue en mi mineur Op. 23. Christian Sinding (1856-1941) : Andante du Quintette avec piano Op. 5 [arrgmt. Max Reger]. Hermann Schroeder (1904-1984) : Andantino ; Poco vivace Op. 9. Momento meditativo. Maurice Duruflé (1902-1986) : Prélude et Fugue sur le nom d’Alain Op. 7. Josef Still, orgue. Ulrich Krupp, orgue de chœur. Antonia Lutz, soprano. Thomas Kiefer, Vokalensemble Trierer Dom. Livret en allemand. Février-mars 2024. Livre 61 pages format A5 contrecollé couverture rigide & SACD 80’34’’. Aeolus AE-11421