Georges Bizet (1838-1875) : Carmen, opéra-comique en quatre actes, dans la mise en scène historique de 1875. Deepa Johnny (Carmen), Stanislas de Barbeyrac (Don José), Nicolas Courjal (Escamillo), Iulia Maria Dan (Micaëla), Faustine de Monès (Frasquita), Floriane Hasler (Mercédès), Nicolas Brooymans (Zuniga), Yoann Dubruque (Moralès), Florent Karrer (Le Dancaïre), Thomas Morris (Le Remendado) ; Chœur Accentus/Opéra de Rouen Normandie ; Chœurs d’enfants de la Maîtrise du Conservatoire de Rouen ; Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, direction Ben Glassberg. 2023. Textes de présentation et synopsis en anglais, en français, en allemand et en italien. Sous-titres français, anglais, allemands et italiens. 168’ 17’’ + bonus de 14.25 (en streaming). Un livre avec DVD et Blu Ray BZ 3001.
Le compositeur et organiste belge Benoît Mernier, l’un des musiciens les plus considérables de notre pays, célèbre ses 60 ans. Cet anniversaire s’illustre en deux temps: une nouvelle création par l’Orchestre philharmonique royal de Liège (OPRL) à l’occasion de deux concerts à Liège et Bruxelles, et une parution discographique qui permet de retrouver Benoît Mernier à l’orgue (Cyprès), l’instrument qu’il enseigne au Conservatoire royal de Bruxelles.
Vous avez donc une nouvelle création avec l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Il s'agit d'un diptyque symphonique, ce qui n'est pas si fréquent. Comment en êtes-vous arrivé à composer ce duo de musiques pour orchestre ?
C’est un concours de circonstances ! La première pièce, Comme d’autres esprits était une commande du Festival Ars Musica qui fêtait son 30e anniversaire. La partition a été créée dans le cadre du festival 2019, à Liège et Bruxelles, par l’OPRL et son directeur musical, Gergely Madaras. À l'origine, on m'avait demandé d'écrire un mini concerto pour violoncelle, qui viendrait se placer avant celui de Dutilleux, le très connu Tout un monde lointain. Je n’étais pas complètement convaincu. Finalement, cette idée a débouché sur une partition qui est, je ne vais pas dire un prélude à Tout un monde lointain, mais qui est en tout cas pensée en relation avec cette œuvre que j’adore, comme toutes celles de cet immense compositeur qu’était Henri Dutilleux. Il y a d'ailleurs à la fin de cette pièce un solo de violoncelle, et surtout une inspiration commune qui était de l’univers poétique de Charles Baudelaire et en particulier son poème La Chevelure. Gergely Madaras, qui avait remarquablement dirigé cette pièce, me dit après le concert de création qui s’était magnifiquement déroulé : “mais ça pourrait être le premier mouvement d'une symphonie”. Sur l’instant, nous en étions restés là, mais l’OPRL est ensuite revenu vers moi pour me commander une nouvelle partition qui puisse être jouée à la suite de Comme d’autres esprits,avec pour ambition une première en 2023. Sauf qu'entre-temps, Philippe Boesmans, juste quelques heures avant son décès, m’avait demandé de terminer son opéra, On purge bébé – il y avait encore une dizaine de minutes à compléter. La nouvelle partition Sur un ciel immense que j’ai terminée juste après mon travail sur l’opéra de Philippe, est finalement donnée en première mondiale en ce mois de janvier et elle est précédée de Comme d’autres esprits. Cette nouvelle œuvre est naturellement dédiée à la mémoire de Philippe. Je dois remercier l’OPRL qui s’est montré particulièrement compréhensif dans le décalage de la programmation.
Comment se caractérise cette nouvelle partition ?
Le caractère de Sur un ciel immense est assez différent de Comme d’autres esprits, même si l’instrumentarium est identique J’ai vraiment pensé cette partition comme un hommage à la mémoire de Philippe Boesmans. Comme je disais, c'était la première pièce que j'écrivais juste après mon travail sur son opéra. Cet achèvement de la partition d’On purge Bébé fut très particulier parce quepar et dans ce travail, j'avais fait un peu une partie de mon deuil par rapport au décès de Philippe, qui m’était très cher, en me coulant littéralement dans sa musique. Il s'agissait d'être sur la même ligne stylistique, grammaticale et d'essayer vraiment de terminer On purge bébé au plus proche de ce Philippe avait fait. J'avais envie de poursuivre cette sorte d'hommage, mais là, cette fois, avec mon propre langage et avec un projet qui était le mien. Je n'ai pas voulu faire non plus un tombeau ou une lamentation et donc, au final, c'est une pièce très vive, très virtuose pour les instrumentistes, en souvenir d’une certaine façon du rire et de la légèreté de Philippe. Elle sonne un peu à mi-chemin entre un scherzo et un finale. Le titre renvoie encore à Baudelaire et à son poème Un hémisphère dans une chevelure du Spleen de Paris. Il s'est passé quatre ans entre la composition des deux pièces. Si elles font partie d'un même cycle, elles peuvent être aussi jouées de manière indépendante.
Durant la période des fêtes, le Ballet de l’Opéra de Paris a la lourde tâche de présenter conjointement deux grands ballets-spectacles à l’Opéra Bastille et au Palais Garnier. Pour vingt-deux représentations à partir du 6 décembre, la première scène affichait cette année Paquita dans la reconstitution de Pierre Lacotte, tandis que la seconde proposait Play d’Alexander Ekman sur une musique de Mikael Karlsson. Mais de lourdes récriminations d’un groupe de danseurs concernant la rémunération du temps de préparation d’avant spectacle ont entraîné une grève ainsi que la suppression de quelques-unes des soirées initiales.
Néanmoins le 28 décembre, devant une salle comble, l’Opéra Bastille a pu représenter Paquita, un ballet de Joseph Mazilier créé à l’Opéra de Paris le 1er avril 1846 avec Carlotta Grisi et Lucien Petipa, amplifié en 1881 par Marius Petipa pour Saint-Pétersbourg puis tombé dans l’oubli à partir de la Première Guerre Mondiale. Mais en 2001, Pierre Lacotte, s’inspirant des deux chorégraphies susmentionnées, décida de reconstituer ce ballet en deux actes et trois tableaux en utilisant les fragments retrouvés de la conception originale de Joseph Mazilier et en concevant la chorégraphie de tout ce qui était perdu. Quant à la musique, n’avaient été conservés au répertoire de plusieurs compagnies que le Pas de deux, le Pas de trois et le Grand Pas conclusif composés par Ludwig Minkus pour Saint-Pétersbourg. Et c’est au chef d’orchestre David Coleman qu’incomba le soin d’arranger la partition originale d’Edmé-Marie-Ernest Deldevez en incluant les adjonctions russes de 1881. Et c’est un natif de Saint-Pétersbourg, Mikhail Agrest, qui la dirige avec une indomptable énergie en sollicitant de chaque pupitre de l’Orchestre de l’Opéra National de Paris de chatoyants coloris et une précision du trait qui pallient le conventionnel désuet d’une partition inégale que les ajouts russes font miroiter comme de précieuses pépites.
L’argument de l’ouvrage est tout aussi mince : dans la Vallée des Taureaux à proximité de Saragosse occupée par les troupes napoléoniennes, la jeune gitane Paquita refuse les avances de Lucien d’Hervilly, fringant aristocrate, en raison de sa condition trop modeste. Inigo, le chef des bohémiens, veut garder Paquita auprès de lui et complote l’assassinat de Lucien avec Don Lopez de Mendoza, le gouverneur farouchement anti-français. Mais un médaillon révélera à la jeune femme qu’elle est en réalité l’enfant du Comte d’Hervilly enlevée par les gitans. Elle pourra donc épouser Lucien.
Nikolay Tcherepnin (1873-1945) : Cadence fantastique, op. 42bis ; Pièce calme (Pastorale), version pour violon et piano ; Villégiature op. 38 n° 4 ; Un air ancien, version pour violon et piano. Alexander Tcherepnin (1899-1977) : Sonate pour violon et piano en do mineur ; Arabesque pour violon et piano op. 11 n° 5 ; Trio à clavier, op. 34 ; Trio concertante op. 47. Giorgio Koukl, piano ; Klaidi Sahatci, violon ; Johann Sebastian Paetsch, violoncelle. 2023. Notice en anglais. 69’ 34’’. Grand Piano GP937.
Franz Schubert (1797-1828) : 19 Lieder. Philippe Jaroussky, contre ténor ; Jérôme Ducros, piano. 2020. Notice en anglais, en allemand et en français. 69’ 15’’. Textes des Lieder, sans traduction. Erato 0190296737688.
Cette célébration de 2025 était doublée (et prolongée par la suite, puisqu’elle partira en tournée, du 6 au 10 janvier, avec un concert tous les jours, respectivement à Châteauroux, Bourges, Chalon-sur-Saône, Grenoble et Vichy), et le concert de la Saint-Sylvestre, diffusé en direct sur France Musique, avait été précédé par un autre la veille. C’est de ce dernier qu’il est question ici.
L’Orchestre National de France (ONF), sous la direction de leur directeur musical Cristian Măcelaru, avait invité l’Ensemble Janoska. Nous le présenterons quand il interviendra, c'est-à-dire seulement après l’entracte. En effet, dans toute la première partie, l’orchestre a joué, seul, des œuvres que l’on retrouve fréquemment dans les occasions festives, et toutes marquées du sceau de l’Europe centrale.
Pour commencer, l’ouverture de l’opérette Le Baron tzigane, de Johann Strauss fils, qui fait la synthèse entre la tradition classique (partie lente pour commencer), tzigane (czardas pour continuer) et viennoise (valse pour conclure). Le début semble quelque peu sérieux et appliqué. On sent Cristian Măcelaru davantage soucieux d’expression que d’exotisme, avec un sens dramatique affirmé : les nuances sont contrastées, avec des solos instrumentaux très intériorisés. Tout est bien mené, mais manque d’aisance ; c’est un peu précautionneux. L’orchestre sonne très bien, mais ne se lâche pas vraiment. Ce Baron tzigane du compositeur viennois par excellence n’est, finalement, ni tzigane ni viennois.
L’enthousiasme dans la salle est très relatif.
Les Danses de Galanta sont sans doute l’œuvre la plus populaire du compositeur hongrois Zoltan Kodály, qui s’était beaucoup intéressé, avec Béla Bartók, aux musiques traditionnelles, et notamment tziganes, ce qui est flagrant ici. Elles commencent par un solo de clarinette (remarquable Carlos Ferreira), qui a le mérite de quelque peu réveiller l’orchestre. Les cordes commencent à se libérer. On admire le travail de détail, en particulier des dynamiques. Il y a une belle énergie, et la bonne humeur s’installe.
Le public ne se lâche pas encore tout à fait, mais...
Suivait l’irrésistible Cinquième Danse hongroise de Johannes Brahms. La sonorité de l’ONF est épatante, enveloppante, sans saturer. Cristian Măcelaru gère les brusques changements de rythme avec naturel et distinction. Son parti pris est établi : rien de spectaculaire ou de pittoresque, tout au service de l’expression musicale.
Invité régulier du Festival d’Auvers-sur-Oise, le jeune pianiste ukrainien Illia Ovcharenko a donné un récital prometteur à la Salle Cortot, à Paris, organisé conjointement avec l’association Pianissimes pour célébrer la sortie de son premier disque. À 23 ans, il se distingue par un jeu qui allie engagement et sensibilité, témoignant d’une rare capacité à restituer l’essence de chaque œuvre avec chaleur et sincérité. Son programme, composé d’œuvres de Sergueï Bortkiewicz (1877-1952), Borys Liatochynsky (1895-1968) et Régis Campo, reflète son désir de faire découvrir un patrimoine musical méconnu tout en affirmant sa curiosité pour la création contemporaine.
Né à Tchernihiv, en Ukraine, Illia Ovcharenko a fait ses débuts en concerto à l’âge de 12 ans à la Philharmonie nationale d’Ukraine. Élève d’Arie Vardi, il s’est distingué en remportant de nombreux prix prestigieux, dont le 1er prix au Concours international de New York et un prix au Concours de piano Busoni. Il mène déjà une carrière internationale, se produisant avec des orchestres tels que les Orchestres symphoniques de La Monnaie, de Jérusalem, de Toronto, de Haïfa, ainsi qu’avec l’Orchestre national d’Île-de-France. On a également pu l’entendre dans des festivals et salles renommés comme le Menuhin Gstaad Festival, le Festival international de Dresde, ou encore le Carnegie Hall.
Johannes Brahms (1833-1896) : Sonate pour piano n° 1 en do majeur op. 1. Franz Schubert (1797-1828) : Lieder transcrits par Franz Liszt : Der Wanderer D. 489, Der Müller und der Bach D.795/19, Frühlingsglaube D. 686, Die Stadt D. 957/11, Am Meer D. 957/12 ; Fantaisie en do majeur ‘Wanderer Fantasie’ D. 760. Alexandre Kantorow, piano. 2023. Notice en anglais, en allemand et en français. 72’ 44’’. BIS-2660.
Arrigo Boito (1842-1918) : Nerone, tragédie en quatre actes. Mikheil Sheshaberidze (Nerone), Franco Vassallo (Simon Mago), Roberto Frontali (Fanuel), Valentina Boi (Asteria), Deniz Uzun (Rubria), Dongho Kim (Tigellino), Vassily Solodkyv (Gobrias), etc. ; Chœurs et Orchestre du Théâtre lyrique de Cagliari, direction Francesco Cilluffo. 2024. Notice et synopsis en italien et en anglais. Sous-titres en italien, en anglais, en français, en allemand, en japonais et en coréen. 154 minutes. DVD Dynamic 38047. Disponible en Blu Ray.
Modeste Moussorgski (1839-1881) : Tableaux d”une exposition (orchestration de Maurice Ravel) ; Hector Berlioz (1803-1869) : Symphonie fantastique, op.14. National Philharmonic Orchestra (Moussorgski), London Symphony Orchestra, direction : Carlos Païta. 1978-1981. Livret en français et anglais. 78’41. Palais des dégustateurs.PDD 039.