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Sur une idée de Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles et de Stefan Plewniak, violon solo de l’orchestre de l’Opéra royal de Versailles, le chorégraphe Thierry Malandain a créé un spectacle, Les Saisons, qui entrecroise habilement les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi et les Caractères des saisons, de Giovanni Antonio Guido. Un spectacle élégant et talentueux, que les 22 danseurs du Malandain Ballet Biarritz donnent actuellement au 13e Art, Place d’Italie (Paris).

Thierry Malandain est un potier qui ferait jaillir une forme d’un tas de glaise : sous sa direction habile émergent, de musiques pourtant archi-connues - les Quatre Saisons de Vivaldi ! -, des tableaux dansés puisant directement dans la moëlle musicale de ces quatre concertos classiques pour violon. Ce grand chorégraphe, pétri de toute l’histoire de la danse et de la musique, sait, comme nul autre, faire ressortir l’essence rythmique, la dynamique interne et la sensibilité émotionnelle des morceaux de musique qu’il met en mouvements. Ces Quatre Saisons, qu’on croyait pourtant connaître, deviennent des plaidoyers en faveur de la force du collectif, du droit à exprimer ses émotions ou encore à chérir la vie comme un trésor.

Cette habileté de Malandain à épouser les contours dynamiques des musiques est démontrée également avec les Caractères des saisons, de Giovanni Antonio Guido. mis en miroir aux Quatre Saisons. Contemporain de Vivaldi et écrivant pour des membres de la famille royale française, sa musique de cour, toute en galanteries et révérences, incarne l’étiquette à la française. Pour autant, elle est d’excellente facture, sonne très bien et permet au chorégraphe de montrer sa maestria dans la connaissance des pas de danse classique et sa capacité à les détourner juste ce qu’il faut pour les emmener vers une recréation contemporaine. 

Christina Pluhar et L’Arpeggiata :  un programme autour de la crise climatique

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Terra Mater. Airs chantés et musique instrumentale de Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704), John Bennett (c. 1575-après 1614), Tarquinio Merula (1595-1665), Thomas Arne (1710-1778), Georg Caspar Schürmann (1672-1751), George Frideric Handel (1685-1759), Pietro Torri (c. 1650-1737), Claudio Monteverdi (1567-1643), Giovanni Bononcini (1670-1747), Francesco Gasparini (1661-1727), Giulio Taglietti (c. 1660-1718) et eden ahbez (1908-1995) ; ballades et danses traditionnelles anglaises. Malena Ernman, mezzo-soprano ; L’Arpeggiata, direction et théorbe Christina Pluhar. 2024. Notice en anglais, en français et en allemand. Textes des airs insérés avec traductions. 55’ 24’’. Erato 5021732533753.

L’art vocal de la Rome du Seicento, autour de ses harpistes virtuoses

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Harpa Romana. Œuvres d’Orazio Michi (c1595-1641), Girolamo Frescobaldi (1583-1643), Andrea Falconieri (1585-1656), Mario Savioni (c1606-1685), Stefano Landi (c1587-1639), Giovan Carlo Rossi (c1617-1692), Luigi Rossi (1598-1653), Marco Marazolli (c1602-1662), Lelio Colista (1629-1680), Rinaldo Trematerra Buonagrazia (?-1603), Vespasiano Roccia (1560-c1625) & anonymes. Riccardo Pisani, ténor. La Smisuranza. Chiara Granata, Marta Graziolin, Elena Spotti, harpe. Août 2022. Livret en anglais, français, italien. TT 68’04’’. Arcana A561

Vanessa Wagner à l’arsenal de Metz

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Ce mercredi 5 février, Vanessa Wagner était en concert à l’Arsenal de Metz. Interprétant les Saisons de Tchaïkovski, trois des six impromptus de l’opus 5 de Sibelius et quelques extraits des Pièces lyriques de Grieg, la pianiste offrit, selon son habitude, des œuvres rares et aussi intéressantes que leurs censeurs plus courues, quand ce ne sont pas des créations qui lui sont dédiées. 

Si les trois différentes parties de ce concert mettaient à l’honneur des compositeurs connus surtout pour des œuvres orchestrales, elles montraient nonobstant leur aptitude à écrire des pièces plus intimes, en forme des promenades intérieures, pour piano. 

Les Saisons de Tchaïkovski permirent déjà à la pianiste française de révéler son toucher délicat en avançant dans une introspection mélancolique, traversées quelques fois d’éclairs brutaux, aspirée vers un ailleurs céleste. Des atmosphères de coin de feu en hiver et de songeries douces zébrées de temps fort comme des pas dans la neige transparaissent de cette musique.

A Genève, l’OSR à la veille d’une tournée

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Avant d’entreprendre une tournée en Espagne qui, en l’espace de six jours, comportera cinq concerts à Madrid, Saragosse, Barcelone, Tenerife et Las Palmas, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande présentent leur programme pour deux soirs au Victoria Hall.

Pourquoi commencer ledit programme avec le Clair de lune de Claude Debussy ? Cette page extraite de la Suite bergamasque pour piano a été orchestrée par André Caplet en 1924 et inclut les cordes, la harpe, les bois par deux et deux cors. Mais ici, vraisemblablement à peine répétée, elle tient lieu d’amuse-bouche insipide avec des bois filandreux en quête d’intonation dominant un crescendo des cordes démesurément grossi pour dépeindre un clair de lune avant de le diluer en un arpège anodin. Auraient produit un tout autre effet des pièces peu prisées comme la Marche Ecossaise, la Berceuse héroïque, la Danse /Tarentelle styrienne ou même le Prélude à l’Après-midi d’un Faune, surtout lorsqu’il s’agit de présenter un tel programme à l’étranger !

Heureusement, la formation au grand complet, comprenant notamment 40 cordes et 8 cors, s’amasse sur le plateau pour présenter un ouvrage inscrit dans son ADN, Le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky. Jonathan Nott laisse le champ libre au basson qui semble improviser avant de dialoguer avec les bois dont il se plaît à détailler les timbres. Apparaissent les Augures printaniers avec leurs accents syncopés sur les accords pesants des cordes amenant les adolescentes à une euphorie qu’envenimera le Jeu du rapt par ses cinglants éclats. Les Rondes printanières étirent singulièrement les lignes des seconds violons et des viole ponctuées par la grosse caisse, les timbales et le tam-tam. Le Jeu des cités rivales suscite une véhémence sauvage qui progresse inexorablement jusqu’à la venue du Cortège du sage, stase étrange rapidement étouffée par la Danse de la terre, virulente au point d’arracher l’accord conclusif. La seconde partie prend une dimension lancinante par les quatre viole désabusées affleurant de la profondeur des basses d’où émergera ensuite le Cercle mystérieux des adolescentes avec ses cordes plaintives soutenues par les cuivres en sourdine. La Glorification de l’élue ramène de massifs tutti zébrés par les glissandi des bois qui se chargeront d’évoquer ensuite le hiératisme des ancêtres. Mais une trompette stridente propulsera la Danse sacrale d’une sauvagerie extrême jusqu’à l’ultime trait ascendant des flûtes et le brutal accord conclusif qui déclenchera à bon escient l’enthousiasme du public. Il est vrai que ce Sacre constitue le point fort de ce programme exhaustif.

Une approche intimiste des Tenebrae Responsories de Victoria

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Tomás Luis de Victoria (c1548-1611) : Tenebrae Responsories. I Fagiolini, direction Robert Hollingworth. Rebecca Lea, soprano. Martha McLorinan, mezzo-soprano. Matthew Long, ténor. Greg Skidmore, baryton. Frederick Long, basse. Livret en anglais ; textes en langue originale, traduction en anglais. Juillet, décembre 2023. TT 71’48 (dont 12’11 pour lecture des poèmes de Christopher Reid). Coro COR16204

Eliahu Inbal au fil du temps 

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Robert Schumann (1810-1856) : Symphonie n°4 en ré mineur, Op.120 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n°1 en mi mineur, Op.39. Sinfonieorchester des Südwestfunks Baden-Baden, Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, direction :  Eliahu Inbal. 1971-2012. Livret en anglais et allemand. 70’44’’. SWR19151CD

Sept compositrices pour la flûte intense de Yasuko Suzuki

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L’Âme résonnante. Claude Arrieu (1903-1990) : Sonatine pour flûte et piano. Clémence de Grandval (1828-1907) : Valse mélancolique pour flûte et harpe, transcription : Honoré Béjin.  Marguerite Canal (1890-1978) : Sonate pour violon et piano. Pauline Viardot (1823-1910) : Sonatine pour violon et piano. Louise Farrenc (1804-1875) : Variations concertantes sur une mélodie suisse pour violon et piano op. 20. Joséphine Boulay (1869-1925) : Romance sans paroles. Cécile Chaminade (1857-1944) : Les Sylvains pour violon et piano op. 60a. Yasuko Suzuki, flûte et transcriptions ; Honoré Béjin, piano. 2024. Notice en français et en anglais. 69’ 35’’. Indésens IC069.

A Genève, le premier Werther de Pene Pati 

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"WERTHER"
Victoria Hall Genève 31 janvier 2025

Dans le cadre de sa saison 2024-2025, l’Orchestre de Chambre de Genève revient à une formule qui avait fait le succès du Roméo et Juliette de Gounod en janvier 2023, celle de présenter un grand opéra français en version de concert. Pour le 31 janvier 2025, le choix s’est porté sur Werther de Jules Massenet. S’adjoignant une vingtaine d’étudiants de la Haute Ecole de Musique de Genève-Neuchâtel, l’Orchestre de Chambre de Genève investit la scène du Victoria Hall sous la direction de Marc Leroy-Calatayud. Mais dès les premières mesures du Prélude, le son produit par la formation comportant plus de soixante instrumentistes paraît bombastisch (comme le diraient nos collègues d’outre-Rhin), tant il paraît démesuré par rapport à la dimension du plateau et à l’acoustique si particulière de cette salle.    Mais heureusement, le chef, soucieux d’équilibrer l’intervention des solistes et le discours orchestral, sait alléger le canevas au moment où, dans l’intelligente mise en espace conçue par Loïc Richard, paraît Pierre-Yves Pruvot campant le Bailli. Il est flanqué de six enfants de la Maîtrise du Conservatoire Populaire (préparés par Fruszina Suromi et Magali Dami), tandis qu’une dizaine d’autres les renforcent en fond de scène. Leur innocence enjouée à vouloir chanter Noël en juillet fait sourire au même titre que la venue des comparses dégingandés Johann et Schmidt personnifiés par les jeunes Sebastia Peris et Alix Varenne qui exsudent une joie de vivre qu’arrosera la dive bouteille à l’Acte II.       

Mais tout change lorsque se profile le Werther de Pene Pati, ténor de 38 ans natif des îles Samoa. Il suffit de la phrase « Alors, c’est bien ici la maison du Bailli ? » et de son premier air « Je ne sais si je veille ou si je rêve encore » pour percevoir la consistance d’un timbre clair régi par une musicalité hors norme, une diction châtiée et un art du phrasé irisé d’une palette de nuances raffinées. L’on prête dès lors peu d’attention aux seconds plans (la Kätchen d’Elise Lefebvre, le Brühlmann d’Hugo Fabrion) et même à Adèle Charvet qui semble un peu retrait avec une Charlotte quelque peu distante.  La même impression est produite par Florian Sempey, notoire comme Figaro du Barbiere, Dandini ou Malatesta, qui paraît un peu égaré dans ce répertoire mais qui trouvera meilleure assise au tableau suivant dans le dialogue avec Charlotte qui, elle aussi, assure ses moyens.  « Un autre est son époux ! » impose la dimension tragique d’un Werther qui se mure dans le silence face aux élans primesautiers de la pimpante Sophie de Magali Simard-Galdès mais qui touche la corde sensible dans le duo avec Charlotte « Ah ! Qu’il est loin ce jour plein d’intime douceur » puis dans la scène « Oui, ce qu’elle m’ordonne… Lorsque l’enfant revient d’un voyage avant l’heure ».