Marina Rebeka chez "elle"

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Extraits de Louise, Hérodiade, Le Cid, Faust, Carmen, Les pêcheurs de perles, Manon, Roméo et Juliette, Thaïs, L’enfant prodigue. Marina Rebeka, soprano – Sinfonieorchester St. Gallen, Michael Balke, direction. 2020-DDD-72’35-Textes de présentation en anglais-Prima Classic-Prima004

Enchantée avec Marie Oppert

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Extraits de musiques de films (arr. Tom Kelly) ; Marie Oppert, soprano – Orchestre national de Lille, Nicholas Skilbeck : direction – Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal – Natalie Dessay (soprano), Melissa Errico, actrice et chanteuse – Thierry Boulanger, piano – Matt Skelton, percussions – Frédéric Liebert, basse.2020-DDD-58’42-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Warner Classics-0190295272470

Stewart Goodyear et Beethoven

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Intégrale des Concertos. Stewart Goodyear, piano – BBC National Orchestra of Wales, Andrew Constantine, direction. 2020-DDD-CD1 65’42 CD2 68’54-CD3 38’28-Textes de présentation en anglais-Orchid Classics-ORC100127

Le San Giovanni Battista de Stradella par Damien Guillon et le Banquet Céleste

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Alessandro STRADELLA (1643-1682) : San Giovanni Battista, oratorio en deux parties. Paul-Antoine Benos-Djian, contreténor ; Alicia Amo, soprano ; Olivier Dejean, basse ; Gaia Petrone, mezzo-soprano ; Artavazd Sargsyan et Thibaut Givaja, ténors ; Le Banquet Céleste, direction Damien Guillon. 2020. Livret en français et en anglais. Texte en langue originale, traduction en français et en anglais. 80.42. Alpha 579.

Vladimir Morkov, la guitare en Russie au XIXe siècle

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Un hommage à Vladimir Morkov (1801-1864) : Variations et arrangements divers sur des airs d’opéra, de musique de chambre et de chansons ; Fragments du Stabat mater de Pergolèse ; Préludes pour deux guitares. The Czar’s Guitars (John Schneiderman et Oleg Timofeyev). 2020. Livret en anglais et en allemand. 97.02. Hänssler HC20018 (2 CD).

Mendelssohn par Bernius : une Nuit de Walpurgis peu enflammée

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Felix MENDELSSOHN (1809-1847) : La première nuit de Walpurgis op. 60, cantate pour soli, chœur et orchestre ; Œdipe à Colone op. 93, musique de scène (extraits). Renée Morloc, alto ; David Fischer, ténor, Stephan Genz, baryton, David Jerusalem, basse ; Chœur de chambre de Stuttgart ; Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen ; Klassische Philharmonie Stuttgart, direction Frieder Bernius. 2020. Livret en anglais et en allemand. Textes en allemand avec traduction anglaise. 47.19. Carus 83.503. 

Dossier Liszt (6) : La Faust-symphonie, un compositeur entre Faust et Méphisto

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Les forces du Bien et du Mal (en d'autres termes l'instinct de Vie et l'instinct de Mort) se sont livré un long et implacable combat dans la grande âme de Franz Liszt, dont la foi catholique si ardente ne pouvait sous-estimer la puissance ténébreuse de Satan dont la présence sulfureuse parcourt toute son oeuvre. De même qu'il existe une Dante-Sonate (Fantaisie quasi-Sonate d'après une lecture du Dante) et une Dante Symphonie, de même il est généralement admis que la grandiose Sonate en si mineur achevée en 1853 est une page d'inspiration "faustienne", qui précède d'ailleurs la Faust-Symphonie d'un an seulement. Elle présente avec elle maintes affinités, mais son thème principal se divise en deux moitiés représentant respectivement Faust et Mephisto. Son thème introductif en gamme descendante sans cesse changeante joue un rôle semblable au thème atonal "spéculatif" qui ouvre la Symphonie, son grand thème ascendant en blocs d'accords correspond au thème conclusif de Faust (thème 5) incarnant sa fierté et sa noblesse, enfin, l'épisode central en Fa dièse majeur de la Sonate, repris peu avant sa conclusion, est une île de paix autonome (et non développée) incarnant Gretchen et enchâssant en son coeur même, comme dans la Symphonie, le thème lyrique de Faust amoureux (mais dans la Sonate ce dernier est étrangement une métamorphose en valeurs augmentées du segment "Mephisto" du thème principal). 

Dossier Liszt (5) : les Années de Pèlerinage...  quarante années d'errance 

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 "J'ai voyagé dernièrement dans de multiples pays nouveaux, j'ai vu nombre d'endroits différents et visité nombre de lieux sanctifiés par l'histoire et la poésie ; j'ai eu le sentiment que les aspects variés de la nature et les scènes qui s'y rattachaient ne passaient pas devant mes yeux comme de vaines images, mais qu'elles remuaient dans mon âme des émotions profondes, qu'il s'établissait entre elles et moi une relation vague mais immédiate, un rapport indéfini mais réel, une communication inexplicable mais certaine, et j'ai essayé de rendre en musique quelques-unes de mes sensations les plus fortes, quelques-unes de mes impressions, mes perceptions les plus vives". 

 C'est ce que nous lisons en préface du premier volume des Années de Pèlerinage qui ont occupé quarante et une années de la vie créatrice de Franz Liszt qui, déjà, dans un petit recueil de trois pièces intitulées Apparitions daté de 1834, avait éveillé son chant à la sensibilité de la nature. 

Bien avant Wagner, dont il donna une grande part de ses dernières années à diffuser l'oeuvre, Liszt pressentait la nécessité de l'oeuvre d'art totale, celle qui célébrerait les noces des arts plastiques, la poésie, la littérature et la musique. En 1865 il imaginait de fonder une Académie des Arts. Et pourtant, il n'a composé qu'un seul opéra, de jeunesse, Don Sanche ou le Château de l'Amour, qui fut créé le 17 octobre 1825, lors de ses heures de gloire à Paris, puis représenté trois fois avant d'être oublié3

Dossier (4) : Liszt et l'orgue

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Si les œuvres pour piano ou pour orchestre de Liszt et leur place dans le XIXe siècle ont depuis longtemps été correctement évaluées, sa musique d’orgue, elle, ne semble avoir de réelle répercussion qu’auprès des organistes, et encore, peu d’entre eux ont-ils une connaissance approfondie de celle-ci et savent-ils en apprécier les lignes directrices ! On peut la diviser grosso modo en deux périodes : d’une part, les trois grandes pièces composées entre 1850 et 1863 (Fantaisie et fugue sur le choral « Ad nos, ad salutarem undam », Prélude et fugue sur B. A. C. H. et Variations sur « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen ») et, d’autre part, une série d’œuvres plus courtes dont la composition s’étend jusqu’à sa mort en 1886. On citera pour mémoire les transcriptions d’après Bach, Lassus, Wagner, Nicolai ou Chopin, et les œuvres vocales où l’orgue joue un rôle plus ou moins important (telle la Via Crucis, d’une densité remarquable).

Dans les trois grandes pièces, Liszt se montre conforme à l’idée caricaturale que l’on se fait de lui : grandiose, virtuose, spectaculaire, tourmenté et brillant. Composée en 1850, la Fantaisie et fugue sur le choral « Ad nos, ad salutarem undam », paraphrasant longuement le choral des trois anabaptistes du Prophète de Meyerbeer, est une fresque monothématique monumentale, en trois sections enchaînées. Par l’ampleur des moyens techniques nécessaires et par l’originalité et la longueur de la forme, le parallèle avec la Sonate en si mineur pour piano semble évident. Avec le Prélude et fugue sur B. A. C. H., de 1855, Liszt veut, comme Schumann, rendre hommage à Bach. Mais contrairement à lui, il ne s’attaque pas à ce projet avec les outils de Bach -le contrepoint, notamment- mais avec des fulgurances nouvelles, déjà expérimentées dans l’œuvre précédente, et que seul un pianiste accompli pouvait oser. Ne nous y trompons pas : si le titre mentionne une fugue, nous n’en trouvons réellement que l’exposition, vite submergée par les traits virtuoses. Enfin, en 1862, Liszt entreprend les Variations sur « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen », sur l’ostinato chromatique du premier chœur de la Cantate BWV 12 de Bach, par ailleurs fort proche du Crucifixus de la Messe en si. Comme dans le Prélude et fugue sur B. A. C. H., l’élément chromatique sert admirablement le langage de Liszt et lui permet ici de développer le contenu émotionnel attaché au texte (« Larmes, plaintes, soucis, craintes, angoisses et détresse sont le pain amer des chrétiens ») dans une forme alliant passacaille, variations, récitatif dramatique et, pour conclure, le choral Was Gott tut das ist wohlgetan. Le sens théologique de celui-ci (« Ce que Dieu fait est bien fait ») entre en résonance avec les interrogations du début de l’œuvre et annonce la sobriété des recueils à venir.