Brahms par Goerner

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Johannes BRAHMS (1833-1897) : Sonate pour piano n° 3 opus 5 ; Variations sur un thème de Paganini opus 35. Nelson Goerner. 2019. Livret en français, en anglais et en allemand. 57.20. Alpha 557.

Le Prince Igor triomphe de l’Apocalypse soviétique

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Le chef-d’œuvre de Borodine s’inspire d’un poème épique de la fin du XIIe siècle relatant la lutte d’un peuple occupant une partie de l’actuelle Ukraine contre des envahisseurs polovstsiens (turcophones venus du Kazakhstan) précédant les grandes invasions mongoles et tatares. La mise en scène englobe l’épopée médiévale, la confrontation Orient – Occident et l’histoire récente. En les dénudant « à l’os », elle laisse tout l’espace à l’émotion musicale tandis que les héros prennent une envergure symbolique, sacrificielle, voire mystique. Le tout passe par une vision sans complaisance, cruellement réaliste, de l’histoire russe. Le recours à des stéréotypes « compris par tous » (treillis, kalachnikov, béton et autoroute) relève de l’ironie car, en réalité, leur insignifiance délibérée permet de pénétrer sans obstacle contingent au cœur de la condition humaine, en ses ultimes retranchements. 

Au fil des quatre actes (version 1890 -le III étant curieusement remplacé par l’Ouverture, occasion d’une salve d’applaudissements pour l’orchestre, et le second Monologue d’Igor orchestré tout aussi efficacement par Pavel Smelkov étant intégré à l’acte IV), le processus de déchéance remonte inexorablement le cours du temps. La cathédrale d’or surmontée d’une croix laisse place à la dépravation de l’oligarchie mafieuse des années 1990 -excellente composition du Prince jouisseur Galitski (Dmitry Ulyanov)- puis aux geôles staliniennes pour conclure avec la vision d’une populace décervelée couronnant un bouffon. Ce sera à l’épouse aimante (magnifique figure de femme) d’offrir la rédemption au héros avant qu’ils ne s’effacent dans la « perspective perdue » d’une autoroute vide.

Radio Romania Muzical rejoint le jury des ICMA

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Radio Romania Muzical rejoint le Jury des International Classical Music Awards (ICMA). Radio Romania Muzical, qui fait partie de la société roumaine de radiodiffusion, a été créée en 1997 et est la seule station de radio roumaine consacrée à la musique classique.

Radio Romania Muzical sera représentée par notre collègue Cristina Camandasu, Directrice de la station.

Avec l'arrivée de Radio Romania Muzical, le jury des ICMA comprend désormais  20 médias de 16 pays différents.

Crescendo-Magazine est membre fondateur, vice-président et membre du board des ICMA.

«Night shift» – Phill Niblock

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Dans ce week-end, acmé de Rainy Days, le festival de musique contemporaine de la Philharmonie Luxembourg, j’ai choisi la performance Drones and films, programmée dès 21h et jusqu’à minuit à l’Espace Découverte, lieu intimiste où des coussins à même le sol invitent à s’allonger et des banquettes à s’affaler : on peut écouter, regarder, bouger, entrer et sortir, avec un verre, un wrap ou un sandwich -libre donc.

Si je connais, au travers de plusieurs de ses disques, les drones de ce pionnier (souvent négligé) de la musique minimaliste américaine, je n’ai par contre rien vu de ses activités de cinéaste et, plus généralement, de cet art systémique, qualifié d’« Art Intermédia », ces associations de formes artistiques que Phill Niblock développe dès la fin des années 1960, où entrent en jeu musique, film, photographie, danse. Ce musicien autodidacte, né en 1933, livre ses premières compositions en 1968 -il a d’abord œuvré comme photographe, dans le milieu des clubs et studios d’enregistrement de jazz, dans un premier temps exclusivement sur bandes magnétiques, plus tard sur le Pro Tools de son Mac, superpositions denses (parfois plus de quarante pistes) d’accords tenus pendant de longues durées.

42919 !

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Vous avez été 42919 à nous suivre sur Crescendo Magazine en novembre 2019. C'est un nouveau record de fréquentation pour notre site internet !

Vincent Beer-Demander, explorateur de la mandoline 

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Vincent Beer-Demander revisite l’image de la mandoline. Non content de jouer les grands chefs-d’oeuvre de son instrument, il ne cesse de développer son répertoire à l’image des récents 24 Caprices pour mandoline solo que lui a composés l’illustre Vladimir Cosma. Vincent Beer-Demander, qui enseigne également au Conservatoire royal de Liège, répond aux questions de Crescendo Magazine. 

Pourquoi ces 24 Caprices pour Mandoline ?

En 2014, j'ai commandé à Vladimir Cosma un Concerto pour mandoline et orchestre symphonique que nous avons créé ensemble à Marseille et nous sommes devenus très amis. Il a composé ensuite une Fantaisie pour mandoline et piano, une Suite populaire pour mandoline et accordéon, 16 Duos pour mandoline et guitare et un Tryptique pour quatuor à plectre. La commande des Caprices s'inscrit dans cette suite logique des choses. 

Hommage à Mariss Jansons

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Décédé à l’âge de 76 ans des suites d’une insuffisance cardiaque chronique, le chef d’orchestre Mariss Jansons a considérablement marqué son époque. Adulé du public et des musiciens pour ses qualités musicales et humaines ainsi que pour sa capacité à galvaniser les phalanges virtuoses qu’il dirigeait, Mariss Jansons laisse un vide considérable dans le monde musical. 

Né à Riga, Mariss Jansons c’est un destin tracé pour diriger. Fils du grand chef d’orchestre Arvīds Jansons décédé d’une attaque cardiaque alors qu’il dirigeait un concert avec le Hallé Orchestra de Manchester, le jeune homme reçoit de son paternel ses premières leçons musicales. Alors que ce dernier est nommé chef associé à la Philharmonie de Leningrad, aux côtés d’Evgueni Mravinsky et Kurt Sanderling, Mariss Jansons rejoint le Conservatoire de la grande cité musicale. Le destin du chef croise alors celui de l’Histoire. En 1968, il est repéré par Karajan lors d’une tournée soviétique du maestro et de ses Berlinois. Invité à le suivre à l’Ouest, les autorités lui mettent des bâtons dans les roues. En 1971, le jeune chef remporte un Second Prix au concours Karajan et cette récompense lui ouvre les portes d’un poste d’assistant avec la star de la baguette, mais il se heurte à un nouveau véto des autorités soviétiques ! En dépit des tracasseries bureaucratiques, sa carrière s’affirme déjà. Dès 1973, il est chef associé au Philharmonique de Leningrad avant de devenir, dès 1979, directeur musical du Philharmonique d’Oslo. Avec cette phalange norvégienne, qu’il dirigera jusqu’en 2002, il va marquer son époque par des tournées et des enregistrements pour les labels Chandos et EMI. Dès 1996, le chef traverse l’Atlantique et pose ses valises à Pittsburgh. 

Sviridov : archéologie orchestrale

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Georgy Sviridov (1915-1998) : Œuvres orchestrales : La Tempête de neige (1974) ; Musique pour orchestre de chambre (1964) ; Petit triptyque (1964) ; Temps, en avant ! (1967). Œuvres chorales : Cinq chœurs sur des paroles de poètes russes (1958) ; Nuages nocturnes (1979) ; Trois Chœurs pour la musique de la tragédie « Tsar Fyodor Ioannovich » d’Alexeï Tolstoï (1973) ; Cantate du printemps (1972). Orchestre symphonique de la Radio de Moscou, direction : Vladimir Fedoseyev et Gennady Rozhdestvensky ; Orchestre de chambre de Moscou, direction Rudolf Barshaï; Chœurs Glinka de l’Académie de Leningrad, Choeurs Yurlov, solistes divers. 2019. Livret en russe et en anglais. 76.14 et 61.43. 2 CD Melodiya MEL 10 02571.

La Dixième Symphonie de Beethoven selon Pierre Henry

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La Dixième Symphonie de Beethoven... Existe-t-il une œuvre musicale qui fasse davantage fantasmer ? 

On sait qu’en effet Beethoven a eu ce projet, auquel il a commencé à travailler en même temps que sa Neuvième. Mais y tenait-il tant que ça ? Ce n’est pas sûr. Des projets, il en a eu... Tous n’ont pas abouti, loin de là. Il est tout à fait possible d’imaginer que, s’il avait vécu plus longtemps, après cette Neuvième révolutionnaire à plus d’un titre, il ne soit pas retourné à la symphonie. C’est ce qu’il a fait pour ses sonates pour piano : après l’Opus 111, écrite alors qu’il devait continuer de composer pendant cinq années, il nous a donné les Variations Diabelli, la Missa Solemnis, la Neuvième Symphonie, cinq quatuors à cordes... Autant de chefs-d’œuvre absolus, qui n’étaient plus des sonates pour piano.