La Traversée, un récital hasardeux de Patricia Petibon

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Airs de Stefano Landi (1587-1639), Henry Purcell (1659-1695), Jean-Philippe Rameau (1683-1764), Georg Friedrich Handel (1685-1759), Christoph Willibald Gluck (1714-1788), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Giuseppe Verdi (1813-1901) et Jacques Offenbach (1819-1880). Patricia Petibon, soprano ; La Cetra Barockorchester Basel, direction Andrea Marcon. 2021. Notice en français, en anglais et en allemand. 53.33. Sony 19439991832.

Sonates de compositrices baroques par le quatuor féminin Spirit of Musicke

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Women4Baroque II. Isabella Leonarda (1620-1704) : Sonates pour flûte no 7 et 12 Op. 16. Mrs Philharmonica (fl 1715) : Sonates no 1-6 en ré mineur, fa majeur, mi bémol majeur, mi mineur, ut mineur, sol majeur des Divertimenti da Camera. Élisabeth-Claude Jacquet de La Guerre (1665-1729) : Sonate pour violon no 1 en ré mineur. Anna Bon di Venezia (1738-ap1767) : Sonate pour clavecin no 3 en fa majeur Op. 2 (sic, et non Op. 1) ; Sonate pour flûte no 2 en fa majeur Op. 1 (sic, et non Op. 2). Spirit of Musicke. Maria Loos, flûte à bec. Christine Busch, violon. Gabriele Ruhland, violoncelle, viole de gambe. Veronika Brass, clavecin, orgue. Christoph Eglhuber, luth, guitare. Octobre 2018. Livret en allemand, anglais. TT 77’57. SPIMUS-Records 113

A Genève, deux orchestres pour un pianiste 

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Au cours de chaque saison, l’Orchestre de Chambre de Genève et son infatigable chef, Arie van Beek qui en est le directeur artistique et musical depuis 2013, élaborent des programmes qui sortent des sentiers battus. Pour un concert exceptionnel donné au Bâtiment des Forces Motrices le 5 mai, la formation s’adjoint le concours de l’Orchestre des Pays de Savoie dirigé par un autre chef néerlandais, Pieter-Jelle de Boer. A tour de rôle, chacun en dirige une partie. 

Arie van Beek ouvre les feux avec l’ouverture Le Corsaire op.21 d’Hector Berlioz. D’exécution redoutable par ses traits de cordes, elle peine d’abord à se mettre en place mais trouve rapidement son assise grâce au rubato large qui enveloppe l’Adagio sostenuto. En s’appuyant ensuite sur les cordes graves bien consistantes, l’Allegro assai enchaîne les tutti fulgurants que ponctuent les cuivres, magnifiques par leur homogénéité.

A Genève, l’OSR  au grand complet  

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Le 4 mai dernier, le concert de l’Orchestre de la Suisse Romande comportait l’indication énigmatique Le Double qui se référait directement à la première œuvre figurant au programme choisi par Bertrand de Billy : il s’agit de la Deuxième Symphonie d’Henri Dutilleux, commandée par la Fondation Koussevitzky pour commémorer le 75e anniversaire de l’Orchestre Symphonique de Boston et créée en cette ville le 11 décembre 1959 sous la direction de Charles Munch. Le compositeur déclarait à ce propos : « Deux personnages en un seul, l’un étant comme le reflet de l’autre, son double. Il ne s’agit nullement d’un concerto grosso, et je voulus au contraire éviter toute analogie avec des schémas néo-classiques ». Et c’est effectivement un petit ensemble de douze instruments (les vents par un, un clavecin, un célesta, deux violons, un alto et un violoncelle) qui entoure le pupitre de direction et qui impose ce climat mystérieux  émanant des timbales et de la clarinette qui mènera ensuite le dialogue avec l’imposant tutti. Le discours s’amplifie pour parvenir à un fugato intense que désagrégera le célesta rythmé par la percussion. L’alto solo imprègne l’Andantino sostenuto d’une nuance de tristesse qui contaminera l’ensemble des cordes puis se laissera dissoudre par l’intervention du violoncelle, du cor et de la trompette. Emporté par une rare énergie, le Final concède aux cuivres des effets jazzy que contrecarrent des bribes de choral qui parviennent à un paroxysme cinglant. Puis le rideau semble être tiré par des sonorités presque irréelles tissant une péroraison aussi envoûtante qu’apaisante.

Sigma Project, la vie de quatre saxophones à l’ère du réchauffement climatique

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Les œuvres pour quatuor de saxophones ne courent pas les auditoriums et le Sigma Project est un des rares défricheurs à inciter, depuis dix ans, les compositeurs à explorer les possibilités sonores de cet instrument aux reflets étincelants, fait de laiton (un mélange de cuivre et de zinc) ou d’argent -et dont Hector Berlioz s’émerveille, en 1842, devant le son « plein, moelleux, vibrant, d’une force énorme »-, d’abord intégré à l’orchestre avant que le jazz n’en fasse une vedette soliste. Ce répertoire, dans un premier temps nourri de pièces adaptées de versions écrites pour d’autres instrumentariums, le quatuor madrilène œuvre depuis dix ans à le développer, au travers d’une cinquantaine de commandes à ce jour : quatre des cinq partitions au programme en sont le résultat, et c’est le cas pour la création de In my end is my beginning (Ma fin est mon commencement) de l’italienne Francesca Verunelli (1979-), dont on connaît l’intérêt pour la dimension temporelle dans la musique : un souffle sourd, grincheux, qui prend peu à peu des accents maléfiques, nourrissant, sous nos yeux mais à notre insu, une menace intrigante, discrète mais entêtée, faite de recommencements réitérés, latente au fond depuis le début, et qui éclate en un orage sombre, puissant et bref, suivi de répliques sourdes et mouillées, qui s‘éloignent comme des nuages noirs poussés par un vent invisible.

De belles découvertes avec Jean-Paul Gasparian

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Sergueï Rachmaninov (1873-1943) :  Concerto pour piano n°2 en Ut Mineur, Op.18 ; Arno Babadjanian (1921-1983) : Ballade Héroïque.  Jean-Paul Gasparian, piano ; Orchestre symphonique de Berne, direction : Stefan Blunier. 2022. 55’11’’. Livret en français et anglais. Claves Records. 50-3004

Suite de l’exploration du Chansonnier de Louvain par l’Ensemble Sollazzo

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Leuven Chansonnier, volume 2. Johannes Ockeghem (c1410-1497) : Les desloyaux ont la saison ; Ma maitresse ; Quant ce vendra [ou Antoine Busnoys (c1430-1492)]. Barbingant (fl c1445-1460) : Esperant que mon bien viendra. Robert Morton (c1430-1479) : Le souvenir de vous me tue. Firmin Caron (fl c1460-1475) : Helas que pourra. Walter Frye ( ?-c1475) : Ave Regina. Anonymes : Ou beau chastel ; Ce que ma bouche ; Donnez l’aumosne ; Par malle bouche ; Helas mon cueur tu m’occiras. Sollazzo Ensemble. Andrew Hallock, contre-ténor. Jonatan Alvarado, Lior Leibovici, ténor. Lukas Henning, Jan Van Outryve, luth. Adrien Reboisson, chalémie, douçaine. Patrick Denecker, chalémie. Rémi Lécorché, sacqueboute. Filipa Meneses, Anna Danilevskaia, vihuela de arco. Août 2020 & février 2021. Livret en anglais, français, néerlandais ; paroles en langue originale, traduction en anglais et néerlandais. TT 53’42. Passacaille 1109