Bellini : I Puritani à Stuttgart

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Vincenzo BELLINI (1801-1835) :  I Puritani. Roland BRACHT, Lord Galtiero Valton ; Adam PALKA, Sir Giorgio Valton ; Ana DURLOVSKI, Elvira ; Diana HALLER, Enrichetta di Francia ; Gezim MYSHKETA, Sir Ricardo Forth ; Heinz GÖHRING, Sir Bruno Robertson ; Staatsopernchor Staatsorchester Stuttgart, Manlio BENZI, dir ; Jossi WIELER et Sergio MORABITO, mise en scène. Filmé du 17 au 24 juillet 2018 au Staatsoper Stuttgart. 191’-NTSC 16.9-PCM stereo et DTS 5.0- 0- 2 DVD- Sous titres, italien, anglais, français, allemand, japonais, coréen- Naxos 2.110598-99

Benvenuto Cellini ouvre la saison des 250 ans de l’Opéra Royal de Versailles

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Benvenuto Cellini de Hector Berlioz, présenté en version de concert, était l’une des productions les plus remarquées du Festival Berlioz qui fêtait le 150e anniversaire de sa mort. La production est passée par Allemagne et le Royaume-Uni avant d’arriver à l’Opéra Royal de Versailles le 8 septembre dernier. Berlioz à Versailles ? Pour un théâtre plutôt spécialisé dans la musique baroque, la présence de cette œuvre est quelque peu surprenante, bien que La Damnation de Faust y ait déjà été à l’affiche. Mais il y a bien une raison à cette programmation. L’opéra a été présenté dans un magnifique décor de Pierre-Luc-Charles Ciceri (1782-1868), peintre et décorateur de théâtre, auteur de nombreux décors spectaculaires pour La Muette de Portici d'Auber, Robert le Diable et Le Prophète de Meyerbeer, Guillaume Tell de Rossini ou encore Hernani de Victor Hugo (lors de la fameuse bataille) et bien d’autres opéras et théâtres. Datant de 1837, récemment restaurée, la toile peinte du « Palais de marbre rehaussé d’or » et ses châssis ont été construits à l’occasion de la création, la même année, du musée de l’Histoire de la France par le roi Louis-Philippe au Château de Versailles. Il s’agit de l’un des seuls décors de grande dimension de cette époque conservés tels quels ; il est spécialement remonté pour quelques semaines seulement. Berlioz a très certainement dirigé un concert sur la même scène, le dimanche 29 octobre 1848, devant ces splendides éléments à perspective renforcée.

Versailles en feu avec Gardiner toujours révolutionnaire dans Berlioz

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Hector Berlioz (1803-1869) Ouverture Le Corsaire, Cantate La mort de Cléopâtre ;  Les Troyens : « Chasse royale et orage » + air de Didon  « Adieu, fière cité » ;  Symphonie fantastique. Lucile Richardot, mezzo-soprano ; Orchestre révolutionnaire et romantique, Direction musicale : John Eliot Gardiner. Enregistré à l’opéra du Chateau de Versailles en octobre 2018. 1 DVD Chateau de Versailles Spectacles CVS 011 - 1h47’

Des Puritains entre fer et chair

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Tout respire la grâce chez Bellini. Des orbes pures, un legato qui chavire, des modulations moirées…une seule dynamique : celle de la courbe. Pourtant, c’est à travers une carcasse anguleuse pivotant sur tournette que l’on assistera à l’affrontement entre partisans de Cromwell et royalistes Stuarts d’un côté et aux déchirements amoureux entre Elvira et Arturo de l’autre. Ce procédé informatique appelé « rendu fil de fer » en trois dimensions date des années soixante. Il consiste à ne représenter que les seuls vecteurs d’une structure. On pense à des arêtes de poisson ou des squelettes. Or cette modélisation (reprise d’une précédente production) entre en conflit avec le galbe, le charnu, l’émotion de la substance musicale ; pire, elle ne présente -par définition- pas de surface et n’implique donc aucune dimension intérieure. C’est doublement fâcheux : l’expression des sentiments constitue en effet le socle même du belcanto ; le contraste entre le fracas des armes et le chant des déchirements intimes recèle par ailleurs l’un des plus puissants ressort d’I Puritani.  

Retour dans le passé avec Gendron, Navarra et Ashkenazy

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Entre souvenirs et émotions, certains labels se plaisent à rééditer coffrets et/ou compilations d’artistes qui ont marqué leur temps, quitte à bâcler les repères historiques et biographiques qui leurs sont dédiés. Cet héritage qu’il faut chérir doit son excellence à des artistes qui, leur vie durant, ont contribué à faire rayonner divers compositeurs par la qualité de leurs instruments. Bien sûr, ces restitutions souffrent naturellement de prises de son moins précises que celles d’aujourd’hui. Pour autant, cette authenticité où la triche n’existe pas encore a de quoi nous exalter en nous emmenant au cœur même d’une pensée musicale. 

Maurice Gendron, le charme du violoncelle

Œuvres de Schumann, Schubert, Beethoven, Brahms, Dvorák, Tchaikovsky, Boccherini et Haydn. Wiener Symphoniker, Christoph von Dohnányi, direction – Orchestre des Concerts Lamoureux, Pablo Casals, direction – London Philharmonic Orchestra, Karl Rankl, direction – Jean Français, piano. 2019-DDD-CD1 45’24 CD2 60’48 CD3 55’16 CD4 48’37-Textes de présentation en anglais et allemand-Hänssler-PH18091

Musique du Silence avec Guillaume Coppola

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Federico Mompou (1893-1987) : Música Callada n° 1 « Angelico », n° 15 « Lento - plaintif », n° 22 « Molto lento e tranquilo », n° 24 « Moderato » ; Paisajes ; Impresiones intimas, « Secreto » ; Prélude n° 7 « Palmiers d'étoiles » ; Maurice Ravel (1875-1937) : Prélude; Erik Satie (1866-1925) : Gymnopédie n° 1 ; Gnossienne n° 5 ; Henri Dutilleux (1916-2013) : Prélude n° 1 « D’Ombre et de lumière » ; Alexandre Scriabine (1871-1915) : Préludes op. 16 n° 4 ; op. 11 n° 15 ; Frédéric Chopin (1810-1849) : Prélude op. 28 n° 4 ; Toru Takemitsu (1930-1996) : Pause ininterrompue n° 3 « A song of love » ; Claude Debussy (1862-1918) : Suite bergamasque, « Clair de lune » ; Prélude, 2e livre, « Feux d'Artifice » ; Enrique Granados (1867-1916) : Danzas españolas n°2 « Oriental ». Guillaume Coppola, piano. 2019, notice en français et anglais. 59’54. Eloquentia, EL1857.

Semyon Bychkov, à propos de Tchaïkovski 

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Le chef d’orchestre Semyon Bychkov fait paraître un coffret consacré à l’intégrale des symphonies, des concertos et d’oeuvres symphoniques de Tchaïkovski (Decca). Enregistré au pupitre de la Philharmonie tchèque de Prague ce box est l’un des événement éditoriaux de l’année. Par sa hauteur de vue et l’intelligence du propos, ce coffret s’impose comme une pierre angulaire de la discographie. Entre les dates d’un agenda chargé qui l’a vu triompher aux BBC Proms de Londres et au Festival de Bayreuth, Semyon Bychkov répond aux questions de Crescendo-Magazine  

Quelle est pour vous la place de Tchaïkovski dans l’histoire de la musique ? Est-ce qu’il vous apparaît comme un révolutionnaire ?  

Je ne pense pas que Tchaïkovski soit un révolutionnaire ! C’est un peu comme “comparer” Beethoven et Mozart. Tout compositeur doit créer son univers ! Beethoven inventait son monde sonore à partir de moyens complètements novateurs alors que Mozart poussait à l’extrême les procédés compositionnels de son temps. Dans les deux cas, ils ont composé des chefs d’oeuvre absolus ! Tchaïkovski est pour moi plus proche d’une évolution des procédés existants que d’un disrupteur beethovénien ! 

Pour revenir à sa place dans l’histoire de la musique, Tchaïkovski était le premier compositeur véritablement professionnel en Russie. Grâce au mécénat de Nadejda von Meck, il a pu abandonner l’enseignement pour se consacrer pleinement à la musique. N’oublions pas que ses contemporains, aussi talentueux qu’ils pouvaient être, exerçaient un métier en parallèle de leurs activités de compositeurs : Borodine était chimiste, Cui était officier et Moussorgsky fut également militaire. De plus, Tchaïkovski a reçu a également reçu une éducation musicale très professionnelle et il avait une approche très exigeante de son métier. Alors qu’il était jeune, il passait ses étés à composer des fugues, au titre d’exercice, qu’il envoyait à Rimsky-Korsakov pour recueillir son avis ! Par ces aspects Tchaïkovski poussait son professionnalisme à l’extrême ! 

La place de Tchaïkovski dans l’Histoire de la musique parle d’elle-même ! Il a été incroyablement populaire de son vivant et il reste, plus d’un siècle après sa mort, comme l’un des compositeurs préférés du public. C’est un signe qui ne trompe pas ! Tchaïkovski parle à nos sens et à notre intellect, ce qui lui garantit une place majeure dans la postérité. 

Céline Moinet, hautboïste 

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Céline Moinet est hautboïste solo du légendaire Orchestre de la Staatskapelle de Dresde. Issue de l’école française de l’instrument, l’une des plus réputée au monde, elle fait paraître un nouvel album (Berlin Classics) consacré à des oeuvres avec orchestre de Jean-Sébastien Bach.

Après différents albums fort appréciés, dont un superbe disque dédié à Schumann (Berlin Classics), qu’est-ce qui vous a porté vers l’enregistrement d’oeuvres de Bach ? 

Ce sont des oeuvres qui ont bercé mon enfance. Elles ont insufflé mon amour pour cet instrument. Enfant, j’empruntais à la bibliothèque municipale du Vieux Lille une cassette audio avec le Concerto pour hautbois de Marcello. Le deuxième mouvement est bien connu du grand public et a été ornementé au clavecin par Jean-Sébastien Bach. J’ai beaucoup tenu à enregistrer cette pièce pour mon premier disque avec orchestre. 

Comment avez-vous conçu le programme de ce disque qui mêle les concertos pour hautbois et des sinfonias de cantates qui mettent l’accent sur le hautbois ? 

Le hautbois est très présent dans la musique de JS Bach, il tient un rôle très particulier dans ses cantates. J’ai choisi certaines sinfonias ainsi que les reconstructions de concertos qui se prêtaient le mieux à mon instrument. Le mouvement lent du Concerto en ré mineur est tiré directement de la Cantate “Ich steh mit einem fuß im grabe” BVW 156, bien connu du grand public.

Le Septembre Musical de Montreux à l’heure russe

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A une dizaine de kilomètres de Montreux, sur les bords du Lac Léman, se dresse le Château de Chillon, forteresse médiévale du XIIe siècle érigée sur un îlot rocheux. Et c’est dans l’une des salles d’entrée rénovée, à l’acoustique remarquable, que le Festival a décidé d’organiser le récital du pianiste moscovite Boris Berezovsky.

Inclassable par l’originalité de son jeu et l’éclectisme de ses programmes, il modifie celui du 4 septembre comportant des pages de Balakirev, Lyadov et Scriabine en un diptyque Scriabine-Rachmaninov. Du premier cité, il fait découvrir la période médiane en présentant deux ouvrages de 1903, les Deux Poèmes op.32, passant d’une fluidité évanescente à une aspérité abrupte sous laquelle se perd la ligne mélodique, puis la Quatrième Sonate en fa dièse majeur op.30 qui est irradiée par d’étranges clartés qu’un trille balaie afin de permettre la brusque émergence du prestissimo volando, élaboré sans recourir démesurément à la pédale de sonorité. A la période 1906-1908 se rattachent l’impalpable Fragilité op.51 n.1, les Deux Pièces op.57 (Désir construit sur un crescendo expressif et la fugace Caresse dansée) et la superbe Sonate n.5 en fa dièse majeur op.53, rugissante dans ses basses telluriques jusqu’à l’avènement d’un Presto con allegrezza qui arrache tout sur son passage. Et ce volet s’achève par les Trois Etudes op.65 de 1912, travaillant sur les sonorités à partir d’intervalles de neuvième, de septième et de quinte.