Céline Moinet, hautboïste 

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Céline Moinet est hautboïste solo du légendaire Orchestre de la Staatskapelle de Dresde. Issue de l’école française de l’instrument, l’une des plus réputée au monde, elle fait paraître un nouvel album (Berlin Classics) consacré à des oeuvres avec orchestre de Jean-Sébastien Bach.

Après différents albums fort appréciés, dont un superbe disque dédié à Schumann (Berlin Classics), qu’est-ce qui vous a porté vers l’enregistrement d’oeuvres de Bach ? 

Ce sont des oeuvres qui ont bercé mon enfance. Elles ont insufflé mon amour pour cet instrument. Enfant, j’empruntais à la bibliothèque municipale du Vieux Lille une cassette audio avec le Concerto pour hautbois de Marcello. Le deuxième mouvement est bien connu du grand public et a été ornementé au clavecin par Jean-Sébastien Bach. J’ai beaucoup tenu à enregistrer cette pièce pour mon premier disque avec orchestre. 

Comment avez-vous conçu le programme de ce disque qui mêle les concertos pour hautbois et des sinfonias de cantates qui mettent l’accent sur le hautbois ? 

Le hautbois est très présent dans la musique de JS Bach, il tient un rôle très particulier dans ses cantates. J’ai choisi certaines sinfonias ainsi que les reconstructions de concertos qui se prêtaient le mieux à mon instrument. Le mouvement lent du Concerto en ré mineur est tiré directement de la Cantate “Ich steh mit einem fuß im grabe” BVW 156, bien connu du grand public.

Le Septembre Musical de Montreux à l’heure russe

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A une dizaine de kilomètres de Montreux, sur les bords du Lac Léman, se dresse le Château de Chillon, forteresse médiévale du XIIe siècle érigée sur un îlot rocheux. Et c’est dans l’une des salles d’entrée rénovée, à l’acoustique remarquable, que le Festival a décidé d’organiser le récital du pianiste moscovite Boris Berezovsky.

Inclassable par l’originalité de son jeu et l’éclectisme de ses programmes, il modifie celui du 4 septembre comportant des pages de Balakirev, Lyadov et Scriabine en un diptyque Scriabine-Rachmaninov. Du premier cité, il fait découvrir la période médiane en présentant deux ouvrages de 1903, les Deux Poèmes op.32, passant d’une fluidité évanescente à une aspérité abrupte sous laquelle se perd la ligne mélodique, puis la Quatrième Sonate en fa dièse majeur op.30 qui est irradiée par d’étranges clartés qu’un trille balaie afin de permettre la brusque émergence du prestissimo volando, élaboré sans recourir démesurément à la pédale de sonorité. A la période 1906-1908 se rattachent l’impalpable Fragilité op.51 n.1, les Deux Pièces op.57 (Désir construit sur un crescendo expressif et la fugace Caresse dansée) et la superbe Sonate n.5 en fa dièse majeur op.53, rugissante dans ses basses telluriques jusqu’à l’avènement d’un Presto con allegrezza qui arrache tout sur son passage. Et ce volet s’achève par les Trois Etudes op.65 de 1912, travaillant sur les sonorités à partir d’intervalles de neuvième, de septième et de quinte.

Salomé, symphonie avec voix 

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Richard Strauss (1864-1949) : Salomé, Op.54. Lance Ryan, Herodes ; Doris Soffel, Herodias ; Malin Byström, Salomé ; Evgeny Nikitin, Jochanaan ; Peter Sonn, Narraboth. Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam, Daniele Gatti. 2017-livret en allemand, anglais et français/ texte chanté en allemand, traduction en anglais et allemand- 101’15’’. 2 SACD RCO 18001.

Double anniversaire : Haitink, 90 ou Beethoven, 250 ?

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : concerto n°2 en si bémol majeur pour piano et orchestre, op. 19 ; triple concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre en do majeur, op. 56.  Maria João Pires, piano (op. 19); Lars Vogt, piano (op. 56); Gordan Nikolitch, violon ; Tim Hugh, violoncelle ; London Symphony Orchestra, Bernard Haitink, direction. SACD-©2019, enregistrements de 2005 (op.19) et 2013 (op.56) - 66'52" - Livret en anglais, français et allemand - London Symphony Orchestra - LS00745

Karajan scuplte Tchaïkovski 

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Pyotr Ilyich Tchaïkovski (1840-1893) : intégrale des symphonies, Marche Slave, Capriccio Italien. Berliner Philharmoniker, Herbert von Karajan. 1967-1979-Livret en : allemand, anglais et français-1 coffret DGG 4 CD et un Blu-Ray Audio-483 6978.

Festival de Salzbourg : mythe et variation

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Dans son exploration des mythes, le festival de Salzbourg ne s’est pas limité au grand répertoire dramatique et lyrique avec des œuvres comme Médée de Cherubini ou Œdipe d’Enescu. Il y a bien sûr aussi Jacques Offenbach qui s’est laissé inspirer par le monde antique. Et puisqu’en 2019, on commémore son 200e anniversaire, son opéra-bouffe Orphée aux Enfers était programmé dans une mise en scène du metteur en scène australien Barrie Kosky, directeur du Komische Oper Berlin, un artiste d’une grande imagination et d’une belle virtuosité. On avait annoncé la version originale en français avec les dialogues parlés en allemand. Finalement, tous les dialogues étaient confiés à l’acteur Max Hopp qui interprétait aussi le rôle de John Styx. Max Hopp a rempli cette tâche avec une grande et admirable virtuosité mais le public devait être aux aguets pour suivre le tourbillon imaginé par Barrie Kosky.

Les Dichterliebe vus par deux ténors

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Robert Schumann (1810-1856) : sélection de lieder et pièces pour piano – Dichterliebe opus 48 ;  Clara Schumann (1819-1896) : sélection de lieder et pièces pour piano ; Julian Prégardien, ténor – Éric le Sage, piano – Sandrine Piau, soprano. 2019-DDD-66’15-Textes de présentation en anglais, français et allemand-Alpha Classics-Alpha 457

Rossini et l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg

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Gioacchino Rossini (1792-1868) : Petite Messe solennelle. Eleonora Buratto, soprano – Sara Mingardo, mezzo – Kenneth Tarver, ténor – Luca Pisaroni, basse – Winer Singakademie (Tobias Berndt) – Orchestre Philharmonique du Luxembourg, Gustavo Gimeno, direction. 2019-DSD/SACD-81’52-Textes de présentation en anglais, allemand et français-Pentatone-PTC5186797

A Montreux, deux jeunes loups à l’assaut de l’hégémonie tsariste

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A Montreux, la 74e édition du Septembre Musical voit arriver aux commandes un nouveau directeur, Mischa Damev, qui succède à Tobias Richter après treize ans de bons et loyaux services. Les trois premiers concerts sont confiés à l’Orchestre du Théâtre Mariinsky et à son infatigable chef titulaire et directeur artistique, Valery Gergiev. 

Le premier concert du dimanche 1er septembre était consacré à deux piliers de leur répertoire, Prokofiev et Tchaïkovski. Il faut relever d’abord que cet orchestre comprenant plus de cent instrumentistes répand son imposante sonorité bien plus naturellement dans une aussi vaste salle que l’Auditorium Stravinsky, alors qu’il se sent compressé au Victoria Hall de Genève. 

Le concert symphonique est-il l’avenir de la musique ? 

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L’association allemande des orchestres a publié les chiffres de l’évolution de la fréquentation des concerts symphoniques. Le nombre de spectateurs est passé de 5,9 à 7 millions entre 2000/2001 et 2016/2017 ! Pendant ce temps, les spectateurs “live” de l’opéra ont baissé de 4,7 millions à 3,8 millions. Si bien évidemment, il faut ajouter à ces chiffres ceux qui suivent des retransmissions dans les cinémas ou en VOD, ces résultats étonnent ! 

Pendant longtemps, le concert symphonique faisait un peu figure de malade, victime de l’érosion et du non renouvellement des publics alors que l’opéra par son côté spectacle total parvenait à garder son public traditionnel et à charmer de nouvelles générations. 

Certes en Allemagne, pays temple des relectures avant-gardistes, le côté répétitif et souvent déjà vu de mises en scènes souvent gratuitement provocantes au détriment de la musique, a pu fâcher jusqu’aux tranches les plus fidèles du public.