Albert Roussel, le coffret aux trésors

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Albert Roussel Edition. Albert Roussel (1869-1937). Colette Alliot-Lugaz, Claire Croiza, Nicolai Gadda, Marilyn Horne, Mady Mesplé, Nathalie Stutzmann, José van Dam, Jean Doyen, Lily Laskine, Quatuor Via Nova, André Cluytens, Charles Dutoit, Jean Martinon, Charles Munch, Michel Plasson, Albert Roussel. Enregistré entre 1928 et 1987. Livret en français, allemand et anglais. 1 coffret de 11 CD Erato. Référence : 0190295489168.

Les 150 ans de la naissance d’Albert Roussel sont passés complètement inaperçus, noyés entre les célébrations de l’année Berlioz et les préparations de l’année Beethoven 2020. Il faut dire que faute d’être jouées et programmées, ses oeuvres sont en passe de tomber dans un oubli scandaleux tant l’art de ce compositeur est savant et raffiné alors que sa place dans l’histoire de la musique française est considérable !

Mahler et Bruckner par Haitink

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Gustav Mahler (1860-1911) : Les symphonies - Das Lied von der Erde - Das Klagende Lied - Lieder Eines Fahrenden Gesellen - Kindertotenlieder - Extraits de Knaben Wunderhorn. Solistes, choeurs, Royal Concertgebouw Orchestra, Bernard Haitink. 1962-1975-Notice en anglais, allemand et français. 1 coffret de 12CD et 1 Blu-ray audio. Référence 483 4643. Anton Bruckner (1824-1896) : Les symphonies - Te Deum. Solistes, choeur. Royal Concertgebouw Orchestra, Bernard Haitink. 1964-972. Notice en anglais, allemand et français. 1 coffret de 10 CD et 2 Blu-Ray Audio. Référence 483 4660.

Alors que le Maestro Bernard Haitink célèbre ses 90 ans, Universal Music réédite, en coffrets de luxe remarsterisés et complétés de deux Blu-ray audio, ses intégrales fondatrices de Mahler et Bruckner enregistrées au pupitre du Concertgebouw d’Amsterdam entre 1962 et 1975 pour Philips.  

Dans les deux cas, ces intégrales sont des piliers de la discographie et cela à plusieurs niveaux historiques, éditoriaux et interprétatifs ! Historiquement, ces gravures restent des pionnières car le chef couvrait toutes les symphonies dans leur intégralité, refusant le côté sélectif des grands anciens comme Willem Mengelberg ou Wilhelm Fürtwangler. Au niveau des symphonies de Mahler, cette intégrale est contemporaine de celles de Leonard Bernstein (CBS), Georg Sollti (Decca) et Rafael Kubelik (DGG), mais tous ces chefs étaient de la génération précédente de celle d’Haitink qui s’imposait alors comme le plus jeune intégraliste mahlérien de son temps. Quant à Bruckner, elle fut menée en même temps que celle d’Eugen Jochum pour DGG, là aussi le saut de génération était important !

Un drone satanique : Der Freischütz à Strasbourg

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Une première sans doute à l’opéra : un drone y a un rôle à jouer. Et cela dans « Der Freischütz », un opéra romantique allemand créé en 1821 !

De quoi s’agit-il ? C’est l’histoire de Max, un jeune homme qui, s’il ne remporte pas un concours de tir, risque à la fois de perdre une promotion enviable – devenir le garde-chasse du Prince – et la main d’Agathe, la fille du garde-chasse en place, qui « fait valoir ses droits à la retraite ». Inquiétude : lors d’un concours préparatoire, le pauvre Max a eu la main tremblante et s’est même fait battre par un simple paysan. Mais voilà que surgit son ami Kaspar, un forestier, aux abois : il a vendu son âme au diabolique Samiel. Une solution pour lui, trouver un « remplaçant ». Ce sera Max. Dans la terrible Gorge-au-Loup, Kaspar lui prépare sept balles magiques. Ce que Max ignore, c’est que la septième sera guidée par Samiel. Il l’emploie pour tirer sur une colombe, Agathe s’écroule… Morte ? Miraculeusement non. Un moine survenant fort à propos a détourné le projectile, qui a abattu Kaspar. Tout est bien qui finit bien ? Presque. Le Prince accorde Agathe à Max, mais avec un sursis d’un an.

Voilà qui justifie – avec les développements de sa partition évidemment - que l’on considère cet opéra de von Weber comme l’un des premiers opéras romantiques allemands.

À la Scala, une MANON LESCAUT maussade

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Depuis vingt ans, depuis la production de Liliana Cavani présentée en juin 1998 sous la direction de Riccardo Muti, Manon Lescaut de Puccini n’a pas été reprise à la Scala de Milan. Aujourd’hui, David Pountney en présente une nouvelle mise en scène dans des décors de Leslie Travers, des costumes de Marie-Jeanne Lecca, des lumières de Fabrice Kebour.

L’action est transposée à la fin du XIXe siècle, au moment où le compositeur écrivait son troisième ouvrage. Selon David Pountney, « il n’est plus possible de considérer l’histoire de Manon Lescaut comme l’aurait fait un spectateur voyeur du XVIIIe siècle ; mais Puccini se montre capable de transcender la bulle temporelle de ses propres perceptions, en nous laissant une œuvre qui permet d’explorer une variété de significations sociales et sexuelles qui vont bien au-delà de ce que ses créateurs auraient pu imaginer ».  Donc la trame se déroule dans une gare de chemin de fer début XXe, style Orsay ou Gare du Nord, avec une passerelle métallique surplombant un bar-buvette et un quai jouxtant les voies d’entrée de trains surpeuplés. Accompagnée de quatre petites filles modèles à canotier enrubanné, symbole de son innocence rapidement culbutée par le plaisir, la pauvre Manon est en proie à la cupidité des hommes, tous vêtus de blanc, arborant feutre mou et œillet rouge comme l’étudiant Edmondo, gilet brodé comme Lescaut, houppelande comme Des Grieux, manteau à col de zibeline et canne à pommeau d’argent comme Géronte de Ravoir. Toute cette société corrompue va ensuite se retrouver  dans les wagons capitonnés d’un Orient-Express qui accueille, au passage, un ‘musico’ et deux ou trois pastourelles échappés du Siècle des Lumières, faisant face à l’héroïne vêtue de satin rouge, tombée au rang de la poule de luxe mais trônant sur un fauteuil d’apparat dérobé à un potentat oriental. Le Port du Havre voit un convoi à bestiaux avec lucarnes, où l’on a entassé les prostituées, finir sa course contre un paquebot armé dont le départ sera ridiculement salué par la foule comme dans un finale de Show Boat. Et comment croire que le dernier tableau peut se passer dans une station ferroviaire désaffectée, dévorée par les dunes de sable, ne contenant plus qu’un chariot où se consume la malheureuse, que son chevalier s’empressera d’abandonner, une fois le dernier soupir rendu ! Et si au moins une once de passion avait pu habiter ce décor léché, ces costumes magnifiques, ces éclairages fascinants !

Les finalistes du Concours International d’Art Lyrique de Namur

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A l’issue des deux premières journées, le jury du Concours International d’Art Lyrique de Namur (CIALN) a désigné 10 finalistes (dont 2 Belges) qui prendront part à l’épreuve finale, ce vendredi,  dans la Salle de Concert de l’IMEP.

L’occasion ici de faire plus ample connaissance avec ces dix personnalités et de savoir déjà ce qu’elles donneront à entendre (air choisi par le jury dans le répertoire proposé).

Le Festival Beethoven 2019 à Varsovie

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Le printemps à Varsovie est marqué par le festival Beethoven. Créé et dirigé par Elżbieta Penderecka, ce festival ne cesse de nous ravir. Invitant des artistes et des orchestres du monde entier : cette année, le public pouvait ainsi écouter des phalanges d’Espagne, de Corée du Sud, d’Italie, de Finlande, d’Allemagne, de Suisse et aussi les grands orchestres polonais. Le festival est une fenêtre sur le monde, formidable ouverture où l’on croise du public et des professionnels venus de la planète entière, saine attitude à une époque qui voit les esprits et les frontières se fermer. En l’espace d’un week-end, on pouvait avoir un aperçu de cette marque de fabrique unique et enthousiaste.

Le concert avec Susanna Mälkki et son Philharmonique d’Helsinki était des plus attendus. Venant en clôture d’une tournée européenne qui les a emmenés en Allemagne, Autriche, Pays-Bas et Pologne, l’orchestre et sa cheffe présentaient un programme de démonstration qui commençait par un inévitable Sibelius : mais avec l’un de ses poèmes symphoniques les moins usités : En Saga. Susanna Mälkki imprimait une marque intéressante en se concentrant sur une lecture plus orchestrale que narrative qui mettait en avant les masses instrumentales et la force de l’orchestration sibelienne. Violoniste inclassable, Pekka Kuusisto, ne pouvait pas livrer une lecture conformiste du célèbre Concerto pour violon de Tchaïkovski. Dès l’entrée du violon, le violoniste nous emmenait dans son monde musical, prenant le contre-pied du spectaculaire pour livrer une lecture ultra-narrative et même plutôt chambriste et lumineuse, comme si le musicien cherchait les lumières de lac Léman sur les rives duquel l’oeuvre fut composée. L’entente avec l’orchestre et sa cheffe était parfaite, même si le manque de projection du violoniste pénalisait certains passages. En bis, comme de coutume, Pekka Kuusisto sortait encore des sentiers battus avec une chanson populaire suédoise qui voyait l’instrumentiste jouer et siffler.

L'éloquence de l’Amatis Piano Trio

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Chaque année depuis 1995, l’European Concert Hall Organisation (ECHO), qui regroupe 21 des plus grandes salles de concert d’Europe, met en valeur quelques solistes ou groupes de musique de chambre particulièrement prometteurs choisis par ses membres. C’est le projet « Rising Stars », qui a ainsi déjà bénéficié à Lorenzo Gatto, Jakob Koranyi, Khatia Buniatishvili, Edgar Moreau, au Quatuor Modigliani, …

L’Amatis Trio, formation internationale fondée en 2014 par Lea Hausmann, Samuel Shepherd et Mengjie Han et déjà récompensée par plusieurs prix à des concours prestigieux, a été sélectionné pour la saison 2018-2019 par l’Elbphilharmonie de Hambourg, le Konzerthaus de Dortmund, la Philharmonie de Cologne et le Festspielhaus de Baden-Baden.