Le piano sentimental de Cécile Chaminade

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Cécile CHAMINADE (1857-1944) : Musiques pour piano. Mark VINER (piano). DDD–2019–74’ 04’’–Texte de présentation en anglais–Piano Classics PCL10164

Décidément, le pianiste britannique Mark Viner aime les répertoires romantiques et postromantiques, aussi bien ceux des grands maîtres comme Franz Liszt que ceux de compositeurs qu’on ne joue pas beaucoup comme Charles Valentin Alkan (en qui les puristes voient un Chopin déliquescent) que Sigismund Thalberg. Avec son nouveau CD, il s’attaque cette fois à Cécile Chaminade, cette musicienne française qu’on est en train de redécouvrir et que Peter Jacobs, Valerie Tryon ou Sylvia Lee Foster, pour ne citer qu’eux, ont déjà enregistrée naguère.

Zauberland

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Il est toujours difficile d’écrire une œuvre « engagée ». Savoir ajuster les équilibres, créer l’émotion là où on ne l’attend pas, gérer le pathos en orfèvre. Zauberland (Le Pays Enchanté) est de ces spectacles qui veut tout dire de notre monde, de notre époque.  

Deux bouquets de fleurs ceignent un espace presque vide, comme un symbole délavé d’une beauté déchue et éternelle. Seul un piano côté jardin se pose en figure hiératique, simplement éclairé par deux rangs de lumières tamisées. L’idée de Zauberland peut paraître délicate, mais elle se tient par sa cohérence : mettre en regard les Dichterliebe de Schumann comme étant un des symboles de la « beauté » de l’art occidental, en regard de la tragédie des migrants syriens, illustrée par une création en miroir signée Bernard Foccroulle, Martin Crimp, le tout mis en scène par Katie Mitchell.

Evviva il bel canto : Anna Bolena à Liège

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Anna Bolena m’est apparue essentiellement comme une exaltation du beau chant, du bel canto ; tout y contribue.

L’intrigue, le livret de Felice Romani, est tragique : il nous raconte comment Anna Bolena – Ann Boleyn -, la seconde épouse d’Henri VIII, roi d’Angleterre, va être éliminée pour faire place « à la suivante », Giovanna Seymour - on se rappellera que ce roi insatiable multipliera par six le nombre de ses mariages. Le royal amant va ourdir un stratagème impitoyable : faire revenir d’exil Riccardo Percy, lui-même épris de la reine, et les prendre tous deux au piège de l’adultère. Ajoutons-y, pour que l’engrenage tragique fonctionne bien, Smeton, un petit page amoureux, et Lord Rochefort, le frère d’Anna. Voilà de quoi émouvoir les cœurs sensibles.

 À Genève, un Chamber Orchestra of Europe mi-figue mi-raisin

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Pour la première fois, le Chamber Orchestra of Europe est l’invité du Service Culturel Migros pour deux concerts à Genève et à Zürich. La formation a été créée en 1981 par d’anciens membres de l’Orchestre des Jeunes de l’Union Européenne. L’un d’eux déclare : « C’est comme un bus qui n’aurait que des sièges de chauffeur sans avoir de place pour les passagers ».

Et cela s’entend dans les tutti du Troisième Concerto pour violon et orchestre en sol majeur K.216 de Mozart, tant les hautbois, flûtes et cors par deux s’en donnent à cœur joie dans un continuel ‘forte’ qui alourdit le canevas, tandis que Leonidas Kavakos, relevant de maladie, semble-t-il, produit un son émacié qui s’épanouira quelque peu dans la première ‘cadenza’. Une fois de plus, il faut soulever le problème du soliste à double casquette, voulant diriger tout en jouant ; et une fois de plus, le résultat n’est pas convaincant. Sur un soutien plus aseptisé, l’Adagio prône la noblesse de ligne dans une méditation dépourvue de souffle tragique, alors que le finale trouve un certain équilibre dans un rondeau au caractère alerte. En bis, le violoniste propose une transcription de Recuerdos de la Alhambra de Francisco Tarrega où se révèle son indéniable maîtrise technique.

Renaud Capuçon, cinéma

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L’album Cinéma de Renaud Capuçon est l’un des grands succès de la saison. Alors qu’un DVD d’un concert à l'Olympia sort cette semaine chez Warner, le programme Cinéma fera l’ouverture du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence dont Renaud Capuçon est fondateur et directeur artistique. Rencontre avec un violoniste également cinéphile.

Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce projet ?  

J’avais envie de réaliser ce projet depuis de nombreuses années. J’avais été fasciné par les deux disques Cinema Serenade d’Itzhak Perlman et John Williams parus il y a une vingtaine d’années chez Sony Classical. Je suis certainement la personne qui les a le plus écoutés ! Faire un album autour du thème du cinéma m’apparaissait comme un rêve que je réaliserais un jour. À cette époque, j’ai également découvert la musique d’Erich Wolfgang Korngold, tellement liée au cinéma et dont j’ai joué de la musique de chambre et surtout le concerto que j’ai enregistré. Il y a une dizaine d’années, j’ai parlé du projet à Alain Lanceron, directeur de Warner, et il m’a dit : “Quand tu veux !”. Mais la concrétisation du projet a pris un peu de temps : je n’étais pas prêt, je ne sentais pas le projet. Il y a 3 ou 4 ans, mon épouse me relançait régulièrement sur ce thème, m’encourageant à le concrétiser car elle trouvait le concept fantastique. Il y a 2 ans, je me suis réveillé un matin, en lui disant : “Je le fais !”. Je suis sensible à une forme d’instinct personnel qui me caractérise et que j’écoute : il en va ainsi pour mon répertoire où il y a des oeuvres que je sens à certains moments de ma vie et pas à d’autres, à l’image des Concertos de Bartók par exemple. Je les ai enregistrés il y a 2 ans, mais je ne les avais pas joués depuis une dizaine d’année. Il en va de même des sonates et partitas de Bach que je n’aborde pas actuellement.  

Concours international de piano d’Epinal, victoire du Belge Valère Burnon

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Le 27e édition du Concours international de piano d’Epinal s’est tenue du 22 au 31 mars à Epinal dans les Vosges, en France. Parmi les 85 candidats qui se sont inscrits pour se présenter à la première épreuve (23-25 mars), le principe étant de ne pas procéder à une présélection sur dossier et enregistrement, 21 candidats ont été retenus pour la deuxième épreuve (26 et 27 mars). Le programme, dont chaque candidat répartit à son gré les œuvres entre les deux premières étapes (respectivement 20 et 35 minutes maximum), doit être composé par : un Prélude et Fugue de J.S. Bach, une Etude de Chopin, une Etude d’un autre compositeur, un opus (isolé ou en série) d’une période romantique et une sonate de Beethoven.

A l’issue de ces éliminatoires, la demi-finale (29 mars) impose à chacun des 10 candidats sélectionnés un récital de 40 minutes minimum et 50 minutes maximum, un programme libre incluant le Poème pour piano op. 5 (commande du concours) d’Elise Bertrand, jeune compositrice de 18 ans, et une œuvre d'un compositeur français écrite entre les 17e et 21e siècles d’une vingtaine de minutes. Cette épreuve était retransmise en streaming direct sur la page FaceBook du Concours (les vidéos y sont toujours visibles).

Lumière et ombres, nuages et vent : la musique instrumentale de Kaija Saariaho

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Kaija SAARIAHO (*1952) – Oeuvres pour violon : Tocar, Cloud Trio, Light and Matter, Aure, Graal Théâtre. Jennifer Koh (violon), Hsin-Yun Huang (alto), Wilhelmina Smith (violoncelle), Anssi Karttunen (violoncelle), Nicolas Hodges (piano), Conner Gray Covington (direction), Curtis 20/21 Ensemble – 68’06 – Texte de présentation en anglais, CDR 90000 183

Ballets à la française

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Henri Sauguet (1901-1989) : Les Forains ; Jules Massenet (1842-1912) : Suite de ballet d’Hérodiade ; Jacques Ibert (1890-1962) : Les Amours de Jupiter. Orchestre national d’Estonie, Neeme Järvi. 2018-68:19-Notice en : anglais, allemand et français. 1 CD Chandos : CHAN 20132.

Des rééditions de Sonates pour piano de Beethoven chez Henle

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Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano en la majeur Op. 2 n°2 – Sonate pour piano en do majeur Op. N°3 (éditées par Norbert Gertsch et Murray Perahia)

C’est au tour de l’Opus 2 (n°2 et 3) de retrouver le chemin de la réédition, cette fois sous la direction de Norbert Gertsch et Murray Perahia, avec une proposition de doigtés de ce dernier. Parues en 1796 chez Artaria & Comp. (premier éditeur du compositeur à Vienne), ces trois sonates se regroupent sous le même opus en raison de leur faible envergure, Beethoven souhaitant réserver des numéros d’opus aux œuvres qu’il considérait « importantes ». Dédiées à Joseph Haydn, les premières esquisses de cet opus datent des années 1794/1795.